Par Merahi Reda, Docteur et Chercheur en Energie
Résumé
La transition énergétique est un concept vaste, touchant plusieurs secteurs, et ne se limite pas au simple passage des ressources conventionnelles aux énergies renouvelables. Elle inclut également diverses stratégies pour accélérer son adoption et l’appliquer à grande échelle.
L’une de ces stratégies repose sur la rationalisation de l’énergie électrique, soit directement par une réduction de la consommation d’électricité, soit indirectement en limitant la consommation de produits et services fortement dépendants de celle-ci.
Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP), l’éclairage public représente environ 15 % de la consommation mondiale d’électricité et 5 % des émissions de gaz à effet de serre. La problématique dépasse donc la consommation d’énergie pour inclure des enjeux environnementaux. Des mesures urgentes s’imposent pour réduire cette consommation, particulièrement en Algérie.
Dans cet article, nous analysons l’optimisation de l’éclairage public en Algérie comme un levier clé pour la transition énergétique et explorons une approche pour atteindre cet objectif.
Mots-clés : Transition Energétique, Rationalisation de l’Energie Electrique, Eclairage Public.
Avant-propos
La transition énergétique est un enjeu global nécessitant une approche multi-sectorielle. Pour qu’elle soit efficace, il est impératif d’exploiter toutes les opportunités permettant d’accélérer ce processus. Parmi celles-ci figure la rationalisation de l’énergie électrique, notamment dans les secteurs à forte consommation tels que l’éclairage public.
En Algérie, l’éclairage public constitue un poste important de consommation électrique. Selon un rapport sur la consommation énergétique des communes publié en 2018, 10 wilayas consomment 58 % de l’énergie électrique totale des 58 wilayas, et l’éclairage public représente à lui seul 59 % de cette consommation, soit environ 2839 GWh, dépassant les autres usages tels que le pompage, les mosquées ou encore les bâtiments administratifs.
Analyse et interprétation du problème
Ces chiffres révèlent une consommation excessive et souvent injustifiée. Une partie significative de cette consommation est attribuable au gaspillage énergétique, aggravé par des pratiques problématiques :
- Fraude des pylônes d’éclairage public : Certaines personnes détournent l’électricité à des fins personnelles, souvent sous prétexte des coûts élevés de l’électricité.
- Dysfonctionnement des capteurs de luminosité : Bien que les défaillances techniques puissent expliquer en partie l’allumage en continu des lampadaires, la cause principale reste le sabotage volontaire des capteurs, notamment par leur recouvrement, forçant les systèmes à rester actifs jour et nuit.
Ces fraudes, en plus de gaspiller des ressources, augmentent les coûts et fragilisent le système d’éclairage public. Des mesures doivent donc être prises pour sécuriser et optimiser ces installations.
Les horloges astronomiques : une option indispensable
Avant de moderniser les systèmes d’éclairage public, il est crucial de résoudre le problème de la fraude, qui persiste dans plusieurs régions.
Actuellement, les installations d’éclairage reposent sur un schéma simple :
- Capteurs de luminosité qui activent ou désactivent les lampadaires en fonction de la lumière ambiante.
- Contacteurs excités par les capteurs pour commander les ampoules.
- Lampes alimentées par les contacteurs.
Ces systèmes sont souvent accessibles et vulnérables à la fraude. Pour contrer ce phénomène, il est essentiel de :
- Intégrer une horloge astronomique dans le circuit électrique, capable de réguler automatiquement l’allumage et l’extinction en fonction des horaires précis du coucher et du lever du soleil.
- Installer ces circuits dans des armoires blindées, inaccessibles au public, sauf pour les agents d’entretien habilités.
- Renforcer la sécurité des installations par des caméras de surveillance.
Ces améliorations permettraient de limiter le gaspillage, de récupérer l’énergie perdue et de renforcer la durabilité du système d’éclairage public.
Conclusions et recommandations
Dans cet article, nous avons mis en lumière l’un des principaux problèmes affectant la facture énergétique de l’éclairage public : les fraudes électriques. Bien que des campagnes de sensibilisation aient été menées et que des accidents aient été signalés, ce phénomène continue de se propager.
Pour optimiser les systèmes d’éclairage public, des solutions telles que l’utilisation de lampes LED, la détection des ampoules défaillantes ou encore la régulation par horloges astronomiques doivent être envisagées. En parallèle, il est impératif de sécuriser les installations pour prévenir les actes de sabotage et de fraude.
Dans notre prochain article, nous explorerons d’autres leviers importants pour accélérer la transition énergétique en Algérie.
Références :
[1] Bilan énergétique national 2021, Ministère de l’Énergie et de mines
[2] Eclairage public et l’efficacité énergétique en Algérie, Rapport BELUX 2021
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=4153