L’Afrique et plus particulièrement le Sahel correspond à l’une des régions qui bénéficie du plus important ensoleillement dans le monde, ce qui pourrait et devrait constituer à l’une des plus importantes capacités de production d’énergie propre aujourd’hui et d’hydrogène vert plus tard, la ressource ou le vecteur énergétique du futur.
Mais l’Afrique, et plus particulièrement le Sahel, est aussi la région qui est la plus confrontée aux impacts négatifs du changement climatique, alors qu’elle émet moins de CO2 que n’importe quelle autre région du monde : 1,4 Gt, soit 1 tonne par habitant (Source : AIE). C’est là aussi où 600 millions d’africains dont une large partie au Sahel, n’ont pas accès à l’électricité.
Le secteur énergétique est quant à lui largement dépendant aux combustibles fossiles et ses capacités de production sont insuffisantes par rapport aux besoins. D’après l’AIE(Energy Outlook 2023), pour répondre à la demande croissante d’énergie en Afrique au cours des décennies à venir, afin que les africains puissent avoir accès à l’électricité et à la cuisson propre, il faudrait investir 25 milliards de dollars par an.
« Il faudrait donc plus que doubler les investissements dans le secteur de l’Energie d’ici 2030, ce qui nécessite plus de 200 milliards USD par an entre 2026 et 2030, dont les deux tiers seront consacrés aux énergies propres ».
L’INITIATIVE « DESERT TO POWER » POUR LES PAYS DU SAHEL
L’objectif de l’initiative « Desert to Power » consiste justement à exploiter le potentiel solaire disponible qui est énorme, pour en produire une énergie propre avec une capacité de 10 GW pour démarrer, l’une des plus importantes au monde, au profit d’environ 250 millions d’habitants. Il s’agit d’un des plus importants projets solaires en Afrique, piloté et financé par la BAD, qui contribuera aussi à la réalisation de la Grande Muraille Verte.
L’initiative « Desert to Power », concentrée sur les pays du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso, Sénégal, et Mauritanie) a pour objectif :
- Augmenter la capacité de production d’énergie solaire connectée au réseau.
- Renforcer et étendre les réseaux nationaux et régionaux.
- Déployer des solutions énergétiques décentralisées.
- Améliorer les capacités financières et opérationnelles des compagnies d’électricité.
- Renforcer l’environnement favorable à une intensification des investissements du secteur privé.
Cinq projets prioritaires ont déjà été sélectionnés et approuvés au niveau des cinq pays du G5 Sahel pour être à la base d’une véritable « electricity road map » d’Ouest vers l’Est, avec un objectif d’extension vers les autres pays du Sahel (Soudan, Ethiopie, Erythrée, Djibouti…) :
Les feuilles de route établies et les approbations par les autorités politiques ont déjà permis la mise en place de la structure de pilotage du projet, ainsi que les partenariats nécessaires pour mobiliser les financements concessionnels adéquats. Il est ainsi prévu que sur une période de 7 ans à compter de 2022, que l’initiative puisse arriver à mobiliser un milliard de dollars provenant du Fond Vert pour le Climat, la BAD, et d’autres institutions de financements de développement, ainsi que des fonds du secteur privé.
Les résultats escomptés à long terme sont de :
- 500 MW de capacité de production d’énergie solaire
- 239 MWh de capacité de stockage d’énergie.
- L’accès à l’électricité d’un million de personnes.
- L’équivalent d’un crédit carbone de 14,4 millions de tonnes de CO2.
- La création de 1420 emplois écologiques pendant la phase de construction des projets.
On peut noter qu’en 2023, dans le cadre de l’initiative « Desert to Power », la Banque africaine de développement a approuvé un financement de 273 millions de dollars, destiné à un projet de réalisation de plusieurs centrales solaires et l’interconnexion entre la Mauritanie et le Mali par :
- Une ligne électrique en haute tension, de 225 kV, sur 1373 Km. Ce programme développera des centrales solaires et construira une ligne de haute tension de 1 373 kilomètres.
- Une capacité de transit de 600 mégawatts entre les deux pays.
Source : Banque Africaine de développement
AIE : Energy outlook 2023
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=3843