L’eau au cœur des conflits du XXIème siècle

Rédaction (A.M)
2021-12-12T11:29:22+01:00
Hydraulique
Rédaction (A.M)10 novembre 2021
L’eau au cœur des conflits du XXIème siècle

L’eau,  « bien commun de l’humanité » est l’élément fondamental de l’environnement et du développement économique.

D’un coté la plupart des spécialistes des questions climatiques sont d’accord pour dire que notre planète est entrée depuis quelques décennies dans une phase de réchauffement due à l’effet de serre. Ils n’ont cessé d’attirer l’attention des Etats sur la nécessité de prendre des mesures en vue de ralentir l’évolution de ce réchauffement (Protocole de Kyoto, Conférence sur le Développement Durable (Johannesburg, COP 21 à 26), et s’accordent à dire que la sécheresse sérieuse qui a sévi  sur certaines régions du Monde depuis la fin de la décennie 80, avec en Afrique de véritables catastrophes humanitaires, qui n’en sont que le début, et une conséquence des changements climatiques qui affectent notre planète.

Il est maintenant avéré que c’est la conséquence du développement effréné de l’industrie mondiale accusée à juste titre d’être la cause des émissions de gaz à effet de serre, du réchauffement de l’atmosphère et de la désertification…etc.

Le premier coupable désigné est la consommation effrénée d’énergie émettrice de CO2, ainsi que les émissions de méthane.

De l’autre côté, la plupart des spécialistes de l’énergie s’accordent à dire aussi que les sources d’énergie fossiles sont en train de s’épuiser et qu’il est grand temps de penser à une transition énergétique renouvelable, plus propre et plus économique.

Est-ce à dire que nous avons affaire à un « pic-oil » et un « pic-water » simultané ?

Non, parceque si les ressources d’énergie fossiles s’épuisent effectivement du fait d’une consommation croissante, le volume total d’eau sur la terre et dans l’atmosphère est toujours le même. C’est simplement le volume d’eau douce propre à la consommation qui diminue du fait qu’il ne se renouvelle pas au même rythme que sa consommation dans le temps et dans l’espace.

Dans la réalité, c’est tout simplement :

  • D’une part le volume d’eau impropre à la consommation qui augmente au détriment du volume d’eau douce que nous consommons.
  • D’autre part la répartition géographique des ressources en eau qui évolue de façon aléatoire sans aucun rapport avec les besoins des populations, avec souvent la conséquence suivante : « rareté = catastrophe, excès = catastrophe ».

L’eau est abondante à la surface de la terre mais 98% de ce volume est salé.

Sur les 2% d’eau douce, nous n’en mobilisons que 0,02% pour les usages humains.

Sa mobilisation, sa répartition, sa gestion, son impact, et sa consommation sont par ailleurs extrêmement disparates d’une région du globe à une autre puisque :

  • L’Asie compte 59% de la population mondiale mais ne dispose que de 36% des ressources en eau utilisables.
  • L’Europe compte 9% de la population et 8% des ressources en eau.
  • L’Amérique du Sud compte 8% de la population et 26% des ressources en eau.
  • L’Afrique compte 17% de la population et 30% des ressources en eau.
  • 70% de la consommation mondiale de l’eau est de nature agricole.

(Source : Population mondiale ONU 2019)

En plus de ce déséquilibre dans la répartition des ressources, on constate que l’Afrique et l’Asie sont les régions les plus vulnérables aussi bien à la rareté qu’à l’excès d’eau.

  • Plus d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable, et près de 2,5 milliards n’ont pas d’installations adéquates d’assainissement.
  • 80% des maladies et des décès sont dus à l’inaccessibilité de l’eau salubre et à l’absence de gestion de l’eau.
  • Chaque jour, 6000 personnes, des enfants surtout, meurent de maladies diarrhéiques.
  • 135 millions de personnes ont décédé jusqu’en 2020, victimes de maladies transmises par l’eau.
  • De 1950 à 2020, la consommation d’eau a été multipliée par 3,5 alors que la population mondiale a été multipliée par 2,8.
  • La consommation par personne dans un pays développé est 30 à 50 fois supérieure par rapport à celle des pays en développement.
  • 40% des habitants de l’Afrique (sub-saharienne surtout) n’ont pas accès à l’eau potable.
  • La FAO décrit l’Afrique comme étant la seule région du monde en développement où le niveau d’approvisionnement de la nourriture par personne a baissé constamment au cours des dix dernières années, prédisposant ainsi de vastes secteurs de la population à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. On estime que plus de 200 millions de personnes souffrent de malnutrition sur le continent.
  • L’agriculture compte en Afrique pour environ 35 pour cent du produit national brut (PNB) de la région, 40 pour cent de ses exportations et 70 pour cent de sa main d’œuvre. L’agriculture doit par conséquent être le moteur de la croissance dans les régions rurales où vivent à peu près 70 pour cent des personnes pauvres du continent.
  • La sécurité et la productivité agricole dépend fortement de la disponibilité de l’eau.
  • Mais à l’inverse aussi l’usage de l’eau en agriculture peut avoir un effet négatif physique et qualitatif sur les ressources en eau, du fait de leur pollution par les engrais chimiques, et l’altération chimique des sols (remontées de sels, etc.)

 

LA PREMIERE CONCLUSION QU’ON PEUT TIRER EST QUE LA CRISE MONDIALE DE L’EAU AU DELA DE SA PENURIE EST AUSSI UNE CRISE DE GESTION DE LA RESSOURCE EN EAU.

 

C’est ainsi qu’au-delà de ce constat elle est de plus en plus source de conflits, non seulement entre communautés, mais aussi entre pays surtout quand ils sont voisins.

Ces conflits sont ont des dimensions ou des impacts différents pouvant aboutir à des tensions extrêmes suivies d’affrontements parfois militaires.

On distingue 4 types de conflit :

  • Les tensions diplomatiques et/ou sociales entrainant d’abord des débats sur la pression de l’eau, aussi bien à l’échelle locale qu’entre pays voisins, mais pouvant s’aggraver dans le temps. C’est le cas de nos jours entre les trois pays qui partagent les eaux du NIL et ses sources puisqu’ils en dépendent énormément : Egypte, Soudan, et Ethiopie.
  • Les tensions et troubles politiques entrainant une dégradation des relations politiques entre pays ou des émeutes quand le problème est local.
  • Les tensions graves avec menaces de guerre entre deux ou plusieurs pays comme cela existe actuellement en Afrique de l’Est et au Moyen Orient. On peut citer dans ce cas précis le conflit israélo-arabe au sein duquel le partage des eaux n’a jamais trouvé de solution à ce jour dans la mesure où la ressource est dominée par l’Etat d’Israël, et considérée comme enjeu de sécurité nationale, et utilisée comme outil politique, au détriment des pays voisins.
  • Et enfin les tensions graves entrainant des affrontements avec des victimes comme cela se passe souvent en Asie surtout.
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