Avec une Russie légèrement ulcéré par le plafonnement du prix de son pétrole, le cartel des pays producteurs devrait faire preuve de prudence, ce dimanche 4 décembre 2022
Les états-membre de l’Opep+ devraient opter dimanche pour la prudence et maintenir les coupes actuelles, à la veille de l’entrée en vigueur de nouvelles sanctions contre la Russie, pilier avec l’Arabie Saoudite de l’alliance. Les représentants des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), conduits par Ryad, et leurs dix alliés emmenés par Moscou, se retrouvent à midi (heure suisse) dans un climat tendu et électrisant.
La Russie est vent debout contre le plafonnement du prix de son pétrole que l’Union européenne, le G7 et l’Australie ont prévu de mettre en place lundi « ou très peu de temps après ». C’est aussi ce jour-là que débute l’embargo de l’UE sur le brut russe acheminé par voie maritime, qui va supprimer les deux tiers de ses achats à Moscou.
Objectif de ces mesures, déstabiliser l’économie russe.
« Une grande incertitude »
Pour l’Opep+, la question est de savoir quel sera l’impact sur l’offre d’or noir russe. Les analystes de DNB évoquent « une grande incertitude ».
Le cours du baril de brut de l’Oural(Russe) évolue actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond de 60 Dollars, impliquant un effet limité à court terme. Mais la Russie a prévenu qu’il ne livrerait plus de pétrole aux pays qui adopteraient ce mécanisme de plafonnement imposé par les pays occidentaux. De quoi placer certaines nations « dans une position très inconfortable : choisir entre perdre l’accès au brut russe bon marché ou s’exposer aux sanctions du G7 », explique Craig Erlam, analyste chez Oanda.
Le scénario du statu quo
Devant ces inconnues, l’alliance pourrait décider de « rester à l’écart des projecteurs et surveiller si les cours montent en flèche » après ce nouveau train de sanctions, souligne DNB, anticipant une réunion « discrète ».
Le choix d’une rencontre virtuelle, et non au siège du cartel à Vienne, renforce le scénario du statu quo, c’est-à-dire le maintien de la production actuelle. Une piste confirmée à l’agence de presse AFP par une source iranienne.
Une baisse de 6% depuis début octobre
« Craig Erlam » n’exclut cependant pas « une coupe plus drastique » pour soutenir les cours, affectés par la morosité économique mondiale. S’ils se sont légèrement redressés ces derniers jours, aidés par les timides mesures d’assouplissement de la politique sanitaire chinoise du zéro Covid, les deux références mondiales du brut restent non loin de leur plus bas niveau de l’année, loin de leurs sommets de mars. Depuis la dernière réunion de l’alliance début octobre, le Brent de la mer du Nord et son équivalent américain, le WTI, ont perdu plus de 6%.
Même s’il ne sabre pas ses quotas ce dimanche, le cartel pourrait dans les mois à venir « adopter une position plus agressive », dans un avertissement à l’Occident qui hérisse le cartel en réglementant les prix, pronostique Edoardo Campanella, analyste d’UniCredit. Une stratégie qui risque d’ « aggraver la crise énergétique mondiale », avertit-il.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2390