La date du 05 Décembre, correspondant à la mise en œuvre de l’embargo des pays occidentaux sur le pétrole r.u.s.s.e, est très attendue. Elle correspondra probablement aussi à une nouvelle concertation au sein de l’OPEP+ dont fait partie la r.u.s.s.i.e, principal producteur de pétrole avec l’Arabie Saoudite.
Le baril de Brent était en chute depuis fin Aout (102,9 $) et avait atteint 82,8 dollars le 26 septembre, mais dès les premières rumeurs d’une importante réduction de la production OPEP+, il est remonté rapidement à 97,9 $ le 07 Octobre avant de revenir à nouveau en dessous des 90 $, avec une volatilité remarquable au gré de beaucoup plus des rumeurs et de déclarations politiques. Les pressions américaines sur l’Arabie Saoudite n’ont finalement ni empêché le marché de demeurer volatile mais autour de 90 $, ni entrainé une augmentation que certains analystes projetaient au-dessus de la barre des 100 $. Seul un court espoir de reprise de sortie de la Chine de son programme « zéro Covid » au début du mois de Novembre avait permis une nouvelle remontée à 98 $, mais il est de nouveau en chute à moins de 90 $.
Le marché pétrolier va-t-il évoluer en fonction de la stratégie de l’OPEP+, de la pression des consommateurs, ou de nouveaux paramètres ?
On est tenté de le croire puisque l’objectif de réduction de 2 millions de barils est bel et bien en cours, et fait de l’OPEP+ plus que jamais le « swing producer » tout puissant avec un suivi particulier de la demande mondiale qui a certes augmenté mais n’a pas encore atteint celle de 2019. Il en est de meme pour la production américaine dont le pétrole de schiste jouait ce rôle avant 2020, mais qui meme si elle augmente est encore inférieure à celle de 2019, avec environ 11,9 millions de barils par jour actuellement contre 13 millions en 2019.
La demande mondiale de son côté, meme si elle a repris au cours de la période « post covid », est menacée par les perspectives de récession économique qui ne fait plus aucun doute. Elle ne risque pas non plus d’augmenter après la mise en œuvre de l’embargo décidé pour le 05 Décembre 2022, et ce d’autant plus que les « Les raffineurs européens semblent désormais disposer de plus de pétrole brut qu’ils n’en ont besoin – avec la panique précoce suscitée par la diminution des exportations de pétrole de la R.u.s.S.i.e– et la pénurie mondiale de pétrole qui s’en est suivie – se révélant exagérées » ( https://oilprice.com/Latest-Energy-News/World-News/European-Refiners-Now-Have-Too-Much-Oil.html). Des achats nettement supérieurs à ceux de l’année passée, qui ont contribué au maintien du prix du baril en dessous de 90 $.
On constate finalement que la demande actuelle est beaucoup plus poussée par les objectifs des USA et de l’UE pour faire baisser le prix du baril, et par conséquent celui des carburants et de l’énergie de façon générale, dont l’explosion depuis 2021 a commencé par celle du gaz naturel. Le prix de ce dernier a atteint des niveaux record et il est peu probable qu’il redescende au cours de l’année en cours ou celle de 2023.
Les pays membres de l’OPEP+ ont parfaitement compris les enjeux en cours et les incertitudes qui pèsent sur le marché, en adoptant une stratégie qui ne prend en considération que les paramètres fondamentaux de l’offre et la demande au fur et à mesure. Ils savent parfaitement qu’il y a plus de risque que le pétrole chute et non le contraire pour le moment, et que leur intérêt est dans la défense du prix, quitte à ce qu’il soit raisonnable.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2303