Les pressions et les espoirs pour une augmentation de production de l’OPEP+ avant sa réunion du 05 octobre sont définitivement enterrés par la décision de cette dernière de réduire sa production de 2 millions de barils par jour.
La réduction dont la rumeur est apparue bien avant le 5 octobre, puis son annonce, a fait bondir en une semaine le baril de Brent de 81 dollars au 29 Septembre à 98 dollars le vendredi 07 Octobre, soit 20%. Est-ce que cela va continuer ? On peut prévoir au moins qu’avec ce niveau de réduction appelé à durer jusqu’à la fin de l’année 2022, et dans le contexte de la crise énergétique aigue en ce moment le baril se maintiendra au moins au-dessus des 90 dollars, ce qui correspond à l’objectif de l’OPEP+.
La stratégie de l’OPEP+ tient bon en ce moment grâce à une cohésion parfaite entre ses membres, meme si dans la réalité certains d’entre ses membres ne produisent pas en ce moment au maximum de leur quota, ce qui signifie que la réduction réelle pourrait être inférieure aux 2 millions de barils par jour. Il est prévu par ailleurs que l’organisation se réunisse autant de fois que nécessaire pour suivre le marché et prendre les mesures qui s’imposent pour défendre ses intérêts.
De leur côté, les USA, par la voix du Secrétaire d’Etat Blinken, ont qualifié cette décision de l’OPEP+ de « décevante » et envisagent des « options de réponse, et en décidant déjà de la libération de 10 millions de barils à partir des stocks stratégiques en Novembre 2022 et les mois suivants en fonctions des besoins. Il faut rappeler que ces stocks stratégiques de pétrole aux USA sont bien en dessous de la barre des 450 millions de barils, un niveau qui remonte à celui de 1984. Du jamais vu.
Il est meme envisagé par « l’administration Biden de déclencher une action anti-trust contre l’alliance » OPEP+. De son côté le Secrétaire à l’Énergie a été chargé « d’explorer toute action responsable supplémentaire pour continuer à augmenter la production (US) nationale dans l’immédiat », mais à priori, celle du gaz et du pétrole de schiste n’a pas l’air de pouvoir répondre, car malgré tous les efforts la production de pétrole stagne autour de 12 millions de barils par jour, bien plus bas que le record des 13 millions de barils atteints en 2019. Le plus grave concerne aussi les stocks stratégiques de carburants qui sont au plus bas à 205 millions de barils.
Le marché pétrolier va faire face à quatre facteurs essentiels au cours du dernier trimestre de l’année 2022 :
La réduction décidée par l’OPEP+ meme si celle-ci n’atteindra pas les 2 millions de barils par jour.
Les impacts de la prochaine entrée en vigueur de l’embargo total de l’UE sur le pétrole russe.
Le soutirage des stocks stratégiques ordonné par le Président US en Novembre et son éventuelle reconduction, si la production de pétrole de schiste ne progresse pas.
Et enfin d’une probable réduction de la demande résultant d’une inflation croissante au niveau de l’économie mondiale.
On peut alors prévoir que le prix du Brent de référence va quand meme poursuivre sa hausse vers les 100 dollars au cours du dernier trimestre de l’année 2022, mais probablement pas au-delà de ce niveau, parceque tous les autres facteurs, et parmi eux essentiellement la demande sont en premier lieu menacés par la récession et l’inflation galopante à l’échelle des plus gros importateurs ou consommateurs, y compris les USA dont le niveau très haut du dollar tire le baril de pétrole vers le bas.
L’OPEP+ a par conséquent du prendre une décision en fonction de tous ces paramètres pour se prémunir d’une éventuelle crise baissière, ou dans le cas contraire pour continuer à maitriser le marché pétrolier à travers le prix et non les quotas de production.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2007