La Norvège, premier fournisseur de gaz à l’Europe depuis les sanctions imposées par les occidentaux à l’encontre de la Russie, s’oppose au plafonnement des prix du pétrole décidé par le G7 et souhaité par la majorité des pays européens. Selon la Norvège, un prix maximal ne changera rien au problème fondamental à savoir « qu’il y a trop peu de gaz en Europe ».
Ce lundi 12 Septembre, le pays scandinave sort de son silence car oui le pays est resté dans le silence jusqu’à maintenant. Le Premier Ministre norvégien « Jonas Gahr Støre » a déclaré :« Nous sommes d’accord pour avoir un dialogue encore plus étroit avec l’UE à l’avenir concernant les différentes propositions qui sont sur la table. Nous abordons les discussions avec l’esprit ouvert mais nous sommes sceptiques à l’égard d’un prix maximum pour le gaz ».
« Jonas Gahr Støre » s’est exprimé dans un communiqué à l’issue d’un entretien téléphonique – le deuxième en quelques jours – avec la présidente de la CommissionEuropéenne« Ursula von der Leyen ».
L’expression « sort de son silence » prends tout son sens quand on sait que depuis la prise décision du G7 à plafonner les prix du pétrole, la Norvège était restée discrète elle qui, depuis l’éclatement du conflit Russo-Ukrainien, a largement tiré parti de la flambée des cours et des sanctions imposées par les occidentaux contre la Russie et ainsi décroché la première place du classement des pays exportateurs de gaz vers l’Europe.
La Norvège a souligné l’importance du prix comme mécanisme d’ajustement de l’offre et de la demande, elle a même renvoyé la balle aux groupes pétroliers rappelant que les clients européens eux-mêmes ont insisté dans le passé pour des contrats au comptant (Variabilité des prix) plutôt que des contrats à long terme donnant plus de visibilité.
La Norvège profite-t-elle du conflit Russo-Ukrainien ?
Pour contextualiser la situation il faut savoir que la Norvège fournit du gaz à l’Europe via 3 principaux gazoducs: Le « Langeled » (25,5 milliards de m3 / an), le « Franpipe » (19,6 milliards de m3 / an), et le « Norpip » (16 milliards de m3 / an). A noter que l’extension du gazoduc « Europipe 2 » sera achevée d’ici fin d’année afin de fournir du gaz à la Pologne via le Danemark. Ces données nous permettent de comprendre que la Norvège est réellement un fournisseur fiable et de taille. De ce fait, les conséquences du conflit Russo-Ukrainien comme la flambée du prix du gaz, la chute des livraisons de gaz de la Russie vers l’Europe et la hausse de 8% des livraisons norvégiennes en gaz ont indubitablement permis à la Norvège de supplanter la Russie et de se hisser au rang de 1er fournisseur de gaz vers l’Europe.
Les revenues pétro-gaziers norvégiens pourraient ainsi atteindre 1.500 milliards de couronnes (150 milliards d’euros) en 2022 – et 1.900 milliards de couronnes (190 milliards d’Euro) l’an prochain, pulvérisant le record établi l’an dernier (830 milliards soit approximativement 82.8 milliards d’Euro), d’après les calculs de la banque « Nordea Markets ».
Le ministre norvégien du Pétrole et de l’Energie « Terje Aasland » a déclaré que « La plus importante contribution que la Norvège puisse apporter dans la situation actuelle est de maintenir une production élevée de gaz à l’avenir », mais des critiques à l’intérieur et à l’extérieur du pays se font entendre, faisant passer la Norvège pour « un profiteur de guerre ». La semaine dernière le célèbre hebdomadaire britannique « The Economist » a publié dans l’une de ces colonnes« Alors que la guerre et la crise du pouvoir qui s’ensuit s’éternise, les sommes qui circulent vers le nord se révèlent embarrassantes ».
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=1835