La récente augmentation du prix du gaz et du pétrole est assimilée à une véritable crise énergétique que beaucoup d’analystes laissent croire qu’elle va durer au grand bonheur des producteurs. On a alors commencé à miser sur un retour rapide de la production non conventionnelle des USA. Mais cela ne semble pas être le cas puisque cette production est certes en croissance mais de façon lente parcequ’elle fait face à de nouvelles difficultés non seulement liées à la chaine logistique locale et mondiale qui retarde la livraison des intrants et tout ce dont ont besoin les sociétés de services pétroliers sur site, mais aussi à la disponibilité de la main d’œuvre toutes catégories qui s’est reconvertie dans d’autres secteurs suite aux impacts de la crise sanitaire.
Le patron de Pioneer Natural Resources, Scott Sheffield, un grand producteur de gaz de schiste a déclaré en Octobre 2021 que
Le capital est peut-être là en raison de la hausse des prix du pétrole, mais la main-d’œuvre, les stocks, l’équipement, les appareils de forage, l’équipement de fracturation, ne sont pas là, cela va donc être un problème si le monde a besoin de nous de 2023 à 25.
Entre 2015 et surtout en 2020 en pleine crise sanitaire, les producteurs de pétrole et de gaz de schiste, ont tout misé sur la réduction des couts de production pour résister à la baisse du baril, et c’est ainsi que beaucoup d’entre eux ont pu résister parfois avec un baril en dessous des 30 dollars. Puis ce fut la longue traversée du désert 2020 qui a provoqué des centaines de faillites aussi bien chez les producteurs que les sociétés de services pétroliers. Entretemps, la maitrise du marché pétrolier par les efforts de l’OPEP+, la reprise progressive de l’économie mondiale et par conséquent de la consommation énergétique a ramené le baril de pétrole à un niveau supérieur à celui de 2018 dont le maximum atteint à cette époque était de 74 $ après la chute depuis plus de 100 $ en 2014. Il est actuellement de 85 $ et beaucoup d’analystes prévoient son évolution à 90 $, peut être meme à 100 $ d’ici la fin de l’année 2021. Mais pour combien de temps encore ?
Le gaz naturel de son côté est en train de créer une véritable crise énergétique alors que ni ses réserves, ni les volumes, et encore moins les capacités de sa production, ne manquent. Et c’est plus la hausse de son prix aussi bien en Europe qu’en Asie au-dessus de 30 $/MMBTU, qui est en train d’affoler les marchés et ses consommateurs directs ou indirects à travers l’électricité qui en provient. En France la facture du chauffage au gaz a augmenté de 57% depuis Janvier 2021. En Grande Bretagne, il a fallu mobiliser l’armée pour alimenter les stations de carburant, meme si ce n’est pas lié au marché pétrolier mais au manque de main d’œuvre dans la chaine logistique.
On peut donc considérer que le secteur aussi bien pétrolier qu’énergétique de façon générale est en train de traverser un période d’incertitude qui va dépendre de la résistance de l’OPEP+ face aux pressions pour augmenter leur production, à une probable mutation du marché gazier qui a trop rapidement évolué vers des échanges spot dont la seule règle est l’offre et la demande, au détriment des contrats à moyen et long terme.
Une chose est sure, l’hiver sera rude et « cher » pour les consommateurs de gaz naturel et d’électricité, mais les décisions de la prochaine COP26 risquent aussi de ne pas être favorables aux producteurs de pétrole et de gaz naturel.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=174