Le baril de Brent en otage entre la récession économique et la réduction de la production russe

Rédaction (A.M)
Hydrocarbures
Rédaction (A.M)8 juillet 2022
Le baril de Brent en otage entre la récession économique et la réduction de la production russe
F. Messaoudi

Après une remontée progressive du baril de Brent depuis le début de l’année 2022, en passant de 70 $ à 122 $ le 08 Juin, après un pic à 128 $ en Mars, il vient de passer brièvement en dessous de 100 $ le 5 Juillet, avant de remonter à nouveau. C’est une première depuis Avril 2022, que beaucoup d’analystes attribuent à de sérieuses crainte de récession mondiale
Des analystes financiers et des experts d’UBS, la plus grande banque de gestion de fortune du monde, affirmaient que « les prix du Brent ont enregistré la troisième plus forte baisse absolue depuis que le contrat à terme a commencé à être négocié en 1988 » en ajoutant que « Les craintes de récession ont probablement poussé certains investisseurs à se retirer du marché du pétrole », qui était vu comme un moyen de profiter de l’inflation. Le Brent ayant chuté de 9.45% à la clôture après avoir dévissé de près de 11%.
De son côté l’analyste « Stephen Brennock » de chez PVM Oil Associate, ajoute que « Outre le pessimisme croissant concernant l’avenir de l’économie, les prix du pétrole ont également été affectés par la résurgence du dollar ».
Une remarque pertinente, puisque le Dollar Index, qui compare la devise américaine à d’autres grandes monnaies, a atteint le Mercredi 6 juillet 107.226 points, le seuil le plus haut jamais enregistré depuis 20 ans. Ce qui pèse sur l’or noir c’est l’appréciation marquée du dollar, puisqu’il affaiblit le pouvoir d’achat des investisseurs utilisant d’autres devises.
Un autre l’analyste, Ed Morse de Citi, prévoit que la demande de pétrole sera probablement révisée à la baisse. Cette baisse déjà annoncée par l’EIA, s’expliquerait en partie par la la baisse de la demande Chinoise, qui continue pourtant à acheter de façon massive la production russe à prix réduit. Citi prévoit d’autre part que le baril de pétrole pourrait chuter à 65 $ d’ici fin 2022, et probablement 45 $ à fin 2023, en cas de récession générale et absence d’intervention de l’OPEP+.
Par contre les analystes de JP Morgan Chase & Co laissent prévoir une hausse vers un prix « stratosphérique de 380 $ » ! compte tenu de la situation budgétaire et de l’économie de la Russie, qui peut en effet se permettre de réduire sa production quotidienne de brut de 5 millions de barils et ce sans porter préjudice à son économie. Une réduction, par exemple, de 3 millions de barils de l’approvisionnement quotidien ferait grimper les prix du brut de référence à Londres à 190$, tandis que le scénario des 5 millions de moins en production pourrait signifier un brut « stratosphérique » de 380 dollars, ont souligné les analystes.
Deuxième producteur mondial de brut avec 512 Mt/an la Russie est bel et bien en position de force « Il est probable qu’elle puisse riposter en réduisant la production pour infliger une douleur à l’Occident. L’étroitesse du marché mondial du pétrole est du côté de la Russie » commentent les analystes, en ajoutant que « Le risque le plus évident et le plus probable avec un plafonnement des prix est que la Russie pourrait choisir de ne pas participer et de riposter en réduisant ses exportations ».

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