La voiture électrique, pour consommer moins d’énergie fossile, mais de plus en plus de métaux critiques

Rédaction (A.M)
2022-04-06T21:46:01+02:00
MinesMobilité & Transport
Rédaction (A.M)6 avril 2022
La voiture électrique, pour consommer moins d’énergie fossile, mais de plus en plus de métaux critiques
L. Djihane

La transition énergétique est plus que jamais la préoccupation mondiale en cette période de crise énergétique, aggravée par le conflit russo-ukrainien, et surtout à l’avenir avec un objectif unanime de tous les pays : sécurité et souveraineté énergétique.

La consommation énergétique primaire ne comprend pas comme beaucoup peuvent le penser, seulement celle de l’électricité, mais aussi la mobilité qui consomme la majeure partie des hydrocarbures liquides d’où nous parviennent tous les carburants consommés dans le transport routier, maritime et aérien.

Pour le moment, c’est le transport routier, surtout celui des véhicules légers qui est en train de faire sa mue vers une mobilité électrique qui s’accélère. Dans un article de Mr. Tristan Gaudiaut publié sur statista.com ( Graphique: Les voitures électriques avec la meilleure autonomie | Statista ), l’auteur nous livre une intéressante comparaison entre les performances au point de vue autonomie des différents constructeurs, dont nous reproduisons ci-dessous à titre de curiosité le paramètre « autonomie », qui pèse beaucoup dans le choix et des économies à faire par l’utilisateur. Il semble ainsi que « La Lucid Air Dream (version R), dont la production a commencé en septembre 2021, est la voiture électrique qui affiche la plus grande autonomie parmi plus de 150 modèles étudiés en mars 2022. Sa batterie lui permet de rouler sur une distance allant jusqu’à 837 kilomètres, battant la Model S de Tesla d’un peu plus de 180 kilomètres ». 

Ces performances sont largement dues au modèle et à la puissance des batteries utilisées dont la consommation en KWh par kilomètre varie d’un modèle de véhicule à un autre entre 6 et 7 KWh par kilomètre. Mais derrière cette consommation qui a un cout même quand elle provient d’une énergie renouvelable, n’y aura-t-il pas une consommation de plus en plus importante d’autres ressources naturelles non renouvelables à travers les métaux critiques ?

La transition vers les véhicules électriques va certainement s’accélérer dans un monde qui sera de plus en plus électrique, et de plus avec un mix énergétique de plus en plus dominé par les énergies renouvelables. Les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 39 % en 2020 à l’échelle mondiale, avec 3,1 millions d’unités vendues.  Selon Bloomberg New Energy Finance (BNEF), l’année 2021 est « encore une autre année record pour les ventes de véhicules électriques dans le monde avec environ 5,6 millions d’unités vendues », soit une croissance annuelle de 83 %. Une tendance qui va certainement se poursuivre.

Avec ce développement de la mobilité électrique qui s’annonce dans la plupart des pays, un autre défi devra être relevé en ce qui concerne les substances minérales nécessaires dans la fabrication de :

  • Tous les équipements de production d’énergie renouvelable en amont,
  • Ainsi que les équipements assurant l’usage de cette énergie dans la mobilité, à savoir les batteries.

Il s’agit de métaux critiques, y compris les terres rares, devenus inévitables, et utilisés dans toutes les fabrications de haute technologie : panneaux photovoltaïques, éoliennes, batteries de voitures électriques et hybrides, LED, puces de smartphone, écrans d’ordinateurs, et industries de la défense (fabrication de capteurs de radars et sonars ou de systèmes d’armes et de ciblage). Parmi ces métaux critiques, les Terres rares sont un groupe de métaux qui partagent certaines propriétés communes ou voisines, regroupant 17 métaux : le scandium, l’yttrium, et les quinze lanthanides (Lanthane, Cérium, Praséodyme, Néodyme, Prométhium, Samarium, Europium, Gadolinium, Terbium, Dysprosium, Holmium, Erbium, Thulium, Ytterbium, et Lutécium). En plus des terres rares, il y a d’autres métaux tout aussi stratégiques du fait surtout de la répartition géographique des réserves concentrées sur quelques pays seulement comme le cobalt, le manganèse, le chrome, le nickel, le molybdène, et le lithium.

Les réserves et capacités de production de ces terres rares sont aux mains de quelques pays seulement comme le montre le graphique ci-dessus emprunté au site statista.

statista - energymagazinedz

La chine assure l’essentiel de la production mondiale, et a produit 120.000 tonnes sur les 170.000 tonnes produites en 2018 (US geological survey). Le Vietnam et le Brésil viennent en 2ème et 3ème position. L’avènement et surtout l’accélération de la transition vers un mix énergétique dominé par les renouvelables, ainsi que le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine qui a mis en évidence la dépendance des pays occidentaux du Nickel russe, sont en train de pousser tous les pays à accorder un intérêt stratégique à ces minéraux et leur exploitation, y compris dans les fonds océaniques.

L’Afrique du Sud, le Congo, le Rwanda, et la Zambie semblent être les pays les mieux nantis en substances minérales rares comme le cobalt, le tantale, le lithium, le manganèse, et le nickel. L’Algérie semble aussi être un pays pouvant renfermer des ressources très appréciables en métaux critiques et terres rares, particulièrement au niveau des massifs des Eglab et du Hoggar (lithium, wolfram, tungstène, béryllium). C’est ce qui a amené d’ailleurs à inclure dans les missions du Haut Conseil de l’Energie, récemment créé, l’activité minière, dont le volet métaux critiques pour assurer la transition énergétique en doit être le motif.

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