Les exportations gazières de l’Algérie vers l’Europe et en particulier vers l’Espagne font l’objet de nombreux commentaires qui sont parfois loin de la réalité, ou très mal interprétés. Mr. Abdelmadjid ATTAR a accepté de répondre à quelques questions à ce sujet, au quotidien espagnol El Pais, pour préciser que les relations commerciales obéissent à des contrats que chacune des parties doit respecter.
1- Est-il possible que l’Algérie modifie ses conditions de vente de gaz à l’Espagne ? Pourrait-elle réduire l’approvisionnement en gaz sous contrat ? Ou augmenter le prix ?
R : A ma connaissance les ventes de gaz par Sonatrach aux clients Espagnols ou tout autre client se font à travers des contrats fermes de moyenne à longue durée, dans lesquels sont fixées toutes les conditions relatives aux volumes à livrer ou à enlever, avec notamment des clauses de « take or pay ». Il en est de même pour le prix qui relève d’une formule d’indexation sur plusieurs paramètres, dont un panier de sources d’énergie. Les contrats comportent aussi les conditions qui peuvent amener les parties à négocier tout cas de force majeure ne relevant pas d’elles. Une chose est sure, Sonatrach a toujours respecté ses engagements.
2- Quelles ont été les conséquences pour l’économie algérienne de la résiliation du contrat du gazoduc GME, qui transportait le gaz vers l’Espagne via le Maroc ?
R : Il me semble aussi que dans ce cas Sonatrach a respecté tous ses engagements en ne mettant fin aux expéditions par le GME qu’à la fin du contrat et non avant. La totalité de ses engagements vis à vis de ses clients a été respectée et prise en charge par les autres infrastructures d’exportation que sont le Medgaz et le GNL, en concertation avec ses clients. Je ne connais pas les conditions financières induites par cette modification du tracé des flux, et je ne peux pas les commenter. Par contre oui, la perte d’un client consommateur de gaz au Maroc a pu correspondre à un manque à gagner temporaire seulement, puisque les volumes correspondants négligeables (moins d’un Md M3) ont dû trouver preneur facilement sur le marché spot par les temps qui couraient à l’époque où le prix du gaz avait atteint des records historiques pour le grand bien de Sonatrach.
3- L’économie algérienne pourrait-elle supporter le coût de renoncer aux revenus qu’elle tire de la vente à l’Espagne de gaz par le gazoduc Medgaz et, dans une moindre mesure, par les navires méthaniers ?
R : Pourquoi ne diriez-vous pas plutôt, « est ce que les clients espagnols pourraient se passer du gaz algérien ? ». Il faut leur poser la question. Mais pour revenir à votre question, je doute que cela puisse arriver en ce moment de crise énergétique, parceque ce n’est dans l’intérêt d’aucune partie. Les impacts du conflit russo-ukrainien sont un bel exemple. Si cela devait arriver, il y aura peut être un impact temporaire sur les revenus de Sonatrach et du trésor algérien, et mon avis personnel est le suivant : moins on vendra de gaz et de pétrole, plus il en restera dans le sous-sol algérien pour les générations futures, et plus rapidement l’économie algérienne sortira de sa dépendance de la rente pétrolière.
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