OBJECTIF DE SONATRACH : PRODUIRE 160 Mds M3 PAR AN DE GAZ A LONG TERME

Rédaction (A.M)
2024-08-18T12:13:26+02:00
Hydrocarbures
Rédaction (A.M)17 août 2024
OBJECTIF DE SONATRACH : PRODUIRE 160 Mds M3 PAR AN DE GAZ A LONG TERME

C’est ce que le PDG de Sonatrach, Mr. Hachichi Rachid, vient de déclarer dans un entretien avec la télévision algérienne le 14 Aout 2024 (https://youtu.be/P632Yt6EEV4?si=tesczZy4fhD_m6Nr), en précisant qu’il s’agit de développer toutes les ressources disponibles en hydrocarbures (ce qui signifie probablement conventionnelles et non conventionnelles).

Dans cet entretien d’une heure, Hachichi a longuement présenté sa compagnie, la 12ème au classement mondial et la plus importante en Afrique, avec 154 filiales et participations, une compagnie intégrée d’amont en aval dans le secteur des hydrocarbures, présente à travers le monde, dans plusieurs pays africains et en Amérique Latine (Pérou).

Hachichi a d’emblée précisé que Sonatrach est la locomotive de l’économie algérienne, et que pour atteindre cet objectif, de gros efforts d’investissements en exploration pour renouveler les réserves, et accroitre ses capacités de production. D’où l’importance du partenariat pour partager le risque, dans le cadre de plusieurs projets en négociation en cours avec de grandes compagnies internationales qui devraient aboutir dans les prochains six mois et permettre d’investir plusieurs dizaines de milliards de dollars.

En matière d’exploration, le premier semestre 2024 a permis la concrétisation de 14 découvertes d’hydrocarbures, tandis qu’en aval 16 contrats de vente de pétrole Sahara Blend ont été concrétisés avec une dizaine de pays, alors que le marché est en ce moment sous pression. Hachichi a cependant déclaré qu’il était confiant et persuadé que la demande pétrolière augmentera dans les années à venir, tandis que le marché gazier est rassurant de son avis avec un prix entre 11 et 12 dollars le MMBTu.

SONATRACH : LA NECESSITE D’UNE IMPLANTATION EN AFRIQUE

La récente visite de Sonatrach au Niger suivie de celle d’une importante délégation nigérienne en Algérie conduite par le Premier Ministre du Niger a permis d’aborder et de résoudre les conditions de reprise des activités de Sonatrach au Niger à travers le renouvellement de l’accord de sécurité. Ces travaux ont permis dans le passé le forage de 2 puits d’exploration dont une découverte de pétrole à développer, et il est prévu le forage de 4 autres puits.

Selon Mr. Hachichi, l’Afrique constitue un des principaux axes stratégiques de développement à l’international, dans la mesure ou c’est le continent qui a enregistré le plus de découvertes au cours de la présente décennie. C’est par conséquent le continent où Sonatrach peut faire beaucoup en matière de partenariat non seulement dans le partage d’expérience et de formation de cadre à travers l’Institut Algérien du Pétrole (IAP), mais aussi de travaux de recherche et de développement des potentiels existant.

LE DIFFICILE ARBITRAGE ENTRE LE MARCHE INTERIEUR ET L’EXPORTATION

Concernant les relations avec les pays européens, Hachichi a déclaré qu’elles ne sont pas exclusives aux hydrocarbures, et sont aussi orientées vers les énergies renouvelables, à travers la possibilité d’exporter une autre forme d’énergie, à savoir l’électricité et l’hydrogène vert, parceque l’Algérie dispose actuellement d’une capacité de production installée de 25 GW, alors qu’elle ne fait appel en période de pic qu’à 19 GW au maximum sur 1 à 2 mois, et 10 GW au cours des 10 autres mois, y compris en hiver, période au cours de laquelle les pays européens ont des besoins importants.

Toujours selon Hachichi, il est donc possible d’exporter pour démarrer de l’électricité conventionnelle puis passer rapidement à l’énergie verte grâce au développement des ENR dans le pays, et plus tard l’hydrogène vert, ce qui fera économiser au fur et à mesure des volumes importants de gaz naturel. Un premier projet de raccordement est en cours d’étude avec l’Italie (ENI), et même l’Espagne souhaite à son tour négocier un projet identique.

Pour le moment, selon Mr. Hachichi, le plus gros défi est lié à l’arbitrage entre la consommation nationale de gaz naturel (production d’électricité et distribution publique) et l’exportation de gaz, le taux de raccordement en électricité étant pratiquement de 100% alors qu’il n’est que de 20%à l’échelle de l’Afrique où 600 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité. L’Algérie consomme 50% de sa production en gaz avec un prix de 0,28 dollar le MMBTu, alors que ce prix sur le marché international est de 11 à 12 dollars le MMBTu. L’objectif est donc de modifier le modèle de consommation nationale avec de nouvelles technologies, le recours aux ENR, et de nouveaux comportements de consommation, afin d’économiser au moins 15% de la consommation gazière, ce qui correspond à un gisement important de gaz.

En parallèle à tous ces efforts, Sonatracha engagé un important projet de boosting (3ème phase) sur le gisement de Hassi Rmel qui produit depuis une soixantaine d’années et fournit 55% de la production gazière de l’Algérie. Ces travaux qui seront réalisés par la société Baker Hughes sont destinés à maintenir la capacité de production de ce gisement avec 188 millions de M3 par jour à compter de la fin 2026.

L’HYDROGENE VERT AU FUTUR  

Concernant l’hydrogène vert, Hachichi a déclaré que l’Algérie disposait d’un potentiel considérable en énergies renouvelables à tous les points de vue (ensoleillement, surface, eau, encadrement), lui permettant de répondre à la demande européenne, mais nécessitant d’importants investissements. C’est ce qui a été proposé à plusieurs entreprises étrangères pour étudier ce potentiel, le produire, puis l’exporter, car il faudra aussi un marché pour réaliser tout cela. Le projet récemment négocié avec la société turque Tossyali est inscrit dans ce cadre en vue de produire de l’hydrogène vert et produire et exporter de l’acier vert.

DES PROJETS EN PETROCHIMIE POUR VALORISER LA PRODUCTION D’HYDROCARBURES ET REDUIRE LES IMPORTATIONS DE MATIERES PREMIERES

Dans le secteur aval, Mr. Hachichi a rappelé que l’Algérie dispose déjà de 6 raffineriesavec une capacité de production de 10 millions de tonnes rien que pour le gasoil, (qui correspondent pratiquement à environ 70% de la production totale de carburants y compris le GPLC). La consommation nationale augmente de son coté à raison de 5% par an.  C’est un défi identique à celui du gaz naturel qui nécessite l’adaptation de la stratégie algérienne de consommation de produits pétroliers. C’est dans ce cadre que le projet de raffinerie deHassi Messaoud a été lancé. Il a certes pris du retard, mais s’agissant d’un projet stratégique, il a été redéfini et les travaux ont repris pour aboutir à une production de 5 millions de tonnes de produits pétroliers. L’objectif est entre autres de mettre fin à l’approvisionnement des régions lointaines du Sud (Illizi, Tamanrasset, etc…) avec des carburants qui proviennent de la raffinerie de Skikda !

Dans le secteur de la pétrochimie, Mr. Hachichi a déclaré que Sonatrach est en train de réaliser trois importants projets destinés à réduire le recours aux importations actuelles en matières premières.

Le complexe de production de Linéaire Alkyl Benzène (LAB) à Skikda entrera en production en 2027 avec une capacité de 100.000 tonnes par an, et mettra fin à l’importation des composants essentiels dans la fabrication de nombreux produits ménagers et industriels.  Il faut rappeler que le contrat de réalisation de ce projet en EPC a été signé en Mars 2024 avec la société italienne TECHNIMONT pour un montant de 1,05 milliards USD équivalents dont 32% en dinars.« Il contribuera à une meilleure valorisation des produits pétroliers (Kérosène et Benzène) disponibles au niveau de la Raffinerie RA1K de Skikda tout en donnant un nouvel élan à l’industrie des détergents et de ses dérivés dans notre pays ».

Le complexe de MTBE (Méthyl Tertiary Butyl Éther), un additif un additif pour la production de carburants sans plomb va lui aussi entrer en exploitation en 2025 et mettra fin aux importations actuelles.

Toujours dans le domaine de la pétrochimie, Hachichia déclaré que le complexe de polypropylène d’Arzew va lui aussi entrer en production en 2027, sachant par ailleurs que Sonatrach est partenaire à hauteur de 34% dans un projet identique en cours de construction en Turquie où il est prévu entrer en production dans les mois à venir.

LE DESSALEMENT D’EAU DE MER ET L’ENVIRONNEMENT

Sonatrach participe aussi activement dans le secteur du dessalement d’eau de mer à travers sa filiale AEC (Algerian Energy Company) qui, au-delà des 11 stations qu’elle opère en partenariat depuis une dizaine d’années. Elle a lancé un programme d’urgence en effort propre (financé à 100% par l’Etat) comportant 3 stations (Corso, Bateau Cassé et El Marsa de 150.000 M »/jour déjà livré et opérationnel). Un programme complémentaire de 5 autres stations est en cours de réalisation et pratiquement en phase de réception des équipements pour produire 1,5 millions de M3 par jour. L’objectif visé à fin 2024 est de produire 2,9 millions de M3 par jour d’eau potable correspondant à 40% de la consommation nationale.

En matière d’environnement, et conformément aux engagements de l’Algérie pour la réduction des gaz à effet de serre, Sonatrach a aussi pris ses responsabilités à travers plusieurs actions importantes à travers une stratégie qui ambitionne de parvenir à un équilibre entre les émissions de GES et les absorptions par les puits de carbone au cours de la deuxième moitié du siècle. 97% des gaz associés dans les nombreux gisements de pétrole étaient tout simplement brulés à la torche autrefois. Les investissements consentis à ce jour ont permis de ramener ce chiffre à 3% actuellement, et l’objectif est d’atteindre 1%.

En ce qui concerne les émissions de méthane, dont la maitrise est plus complexe, Sonatrach a conclu un accord avec l’Agence Spatiale Algérienne pour les évaluer, puis mettre en œuvre les actions nécessaires pour les réduire à travers les interventions adéquates au niveau des sites émetteurs. Une autre action complémentaire d’envergure a aussi été inscrite dans le même objectif dans la stratégie climatique de Sonatrach : la plantation de 420 millions d’arbres.

Elimination du torchage, réduction des émissions de méthane, captage et puits carbone par le reboisement, efficacité énergétique au niveau des installations d’amont en aval, recours aux ENR, telle est la stratégie climatique de Sonatrach à travers un engagement pour un avenir durable et responsable.

Mr. Hachichi a cité l’exploitation de toutes les ressources en hydrocarbures disponibles en Algérie, ce qui inclut probablement les immenses ressources en gaz de schiste. Comment seront-ils développés en partenariat avec les compagnies évoquées parceque à priori c’est la démarche adoptée ? Tout dépendra probablement des négociations en cours mais aussi du succès que compte atteindre l’Algérie à travers sa stratégie de transition vers des énergies propres, son modèle de consommation énergétique, et bien sur le marché gazier à l’échelle mondiale comme l’a précisé aussi Mr. Hachichi.

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