Le potentiel pétrolier et gazier de l’Algérie est-il si important que ça pour que le deuxième géant pétrolier américain « Chevron » rejoigne à son tour ExxonMobil en Algérie pour le développer et accroitre ainsi la production algérienne (surtout en gaz naturel) ?
C’est ce qu’il faut croire à priori parce qu’il ne s’agit pas de n’importe quelles sociétés qui sont déjà les principales productrices de pétrole et de gaz en Amérique du Nord, et surtout en gaz de schiste.
« SONATRACH et la compagnie Chevron FEA International Ventures Ltd. ont procédé, ce jour, à la signature d’un Protocole d’Accord au siège de la Direction Générale de SONATRACH, en présence du Président Directeur Général de SONATRACH, Monsieur Rachid HACHICHI et de la Vice-Présidente Exploration Internationale de Chevron, Madame Liz SCHWARZE ».
C’est ce que Sonatrach vient de publier dans un communiqué de presse, qui vient concrétiser et confirmer plusieurs informations publiées dans la presse spécialisée depuis plusieurs mois. Ce protocole semble etre identique à celui publié auparavant quand Sonatrach avait signé un accord identique avec ExxonMobil. Celui avec Chevron semble aussi etre un « protocole d’accord qui constitue une plateforme de discussion portant sur les possibilités de développement des ressources en hydrocarbures des zones d’intérêts identifiées dans les bassins de l’Ahnet et de Berkine ».
Cela signifie que le contrat d’association(Contrat de Partage de Production PSC ou Contrat de Services ?) lui-même n’est pas encore finalisé et doit l’etre dans les semaines ou les mois à venir pour les deux compagnies. Une chose est sure, les zones d’intérêt sont maintenant connues, 3 bassins pétroliers et gaziers bien connus pour leur potentiel existant :
- BERKINE (CHEVRON),qui est le principal producteur de pétrole et de gaz conventionnels après Hassi Messaoud et Hassi Rmel. Il est considéré avec le bassin d’Illizi un peu plus au Sud comme étant potentiellement le plus riche en pétrole et gaz de schiste avec des ressources en place estimées à 1.091 Tcf en gaz, dont on pourrait récupérer 10 à 15%, et 212 Md barils de pétrole dont on pourrait récupérer environ 5% .
- AHNET et GOURARA (Timimoun), pour lequel les deux Compagnies américaines EXXONMOBIL & CHEVRON) sont candidates (mais sans préciser s’il y aura compétition ou partage de zones d’intérêt, notamment pour l’AHNET). Ces deux bassins renferment déjà plusieurs gisements de gaz conventionnel actuellement en production essentiellement en partenariat avec ENI-EQUINOR, ou par Sonatrach seule. Ils renfermeraient aussi d’importantes ressources non conventionnelles de gaz estimées à 1.295 Tcf en place et dont les volumes techniquement récupérables pourraient aussi etre de 10 à 15%. Sonatrach a foré deux puits d’évaluation près d’In Salah il y a dix ans, et l’un d’eux avait fourni un excellent débit de gaz naturel, ce qui laisse prévoir un potentiel récupérable attrayant à l’avenir.
Une chose semble etre sure, l’intérêt particulier pour le gaz de schiste dont les ressources de l’Algérie sont évaluées à plus de 24.000 Md M3, et dont l’exploitation si elles s’avèrent techniquement récupérables et rentables, pourraient faire de l’Algérie dans une décennie le plus grand producteur de gaz en Afrique et dans le bassin méditerranéen.
Le PDG de Sonatrach Mr. Rachid Hachichi a ainsi déclaré que « Cette signature permet d’entrevoir des horizons prometteurs de développement du domaine minier national et traduit notre ambition commune d’exploiter de manière responsable et durable les ressources en hydrocarbures de notre pays », ce que la Vice-Présidente Exploration Internationale de Chevron, Madame Liz SCHWARZE a confirmé en déclarant à son tour que « L’Algérie possède un système pétrolier de classe mondiale avec un potentiel de ressources pétrolières et gazières significatives. Compte tenu des capacités reconnues de Chevron et son expérience avérée dans le développement de toute forme de pétrole et de gaz, nous sommes enthousiastes quant au potentiel de synergies et de partenariat que nous pouvons créer avec SONATRACH ».
Le défi qui demeure reste à mettre en place les moyens, le cadre contractuel et organisationnel, ainsi que les synergies qui pourraient permettre l’exploitation des potentiels en place, et les rentabiliser / valoriser (localement ou exportation ?).
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=3969