Dans une récente déclaration à « Fortune », Darren Woods, le puissant CEO de la puissante compagnie pétrolière ExxonMobil vient de lâcher brutalement sa position sur les débats autour de la transition énergétique et le rôle des énergies fossiles : « Le sale secret dont personne ne parle, c’est combien tout cela va coûter et qui est prêt à payer pour cela ».
En fait il vient de conforter le résultat final de la COP 28 dont la déclaration finale avait tout simplement placé la responsabilité de la réduction des gaz à effet de serre au niveau de la consommation d’énergie plutôt qu’au niveau de sa production en particulier celle des énergies fossiles. Il a déclaré en ce sens que « Nous avons la possibilité de fabriquer des carburants à faible teneur en carbone, mais les gens ne sont pas disposés à dépenser de l’argent pour le faire ».
Ses déclarations ont fait l’objet de très vives critiques de la part des partisans de la lutte contre le réchauffement climatique, et par conséquent partisans de l’arrêt au plus tôt de la production des énergies fossiles. C’est ainsi que Gernot Wagner, économiste du climat à l’école de commerce de Columbia l’a apostrophé brutalement en déclarant que « C’est comme si un baron de la drogue blâmait tout le monde sauf lui-même pour les problèmes de drogue. Je déteste vous le dire, mais vous êtes le directeur général de la plus grande société pétrolière cotée en bourse, vous avez de l’influence, vous prenez des décisions importantes. Exxon est à la merci des marchés, mais ils les façonnent également, ils façonnent la politique. Donc non, vous ne pouvez pas blâmer le public pour l’échec de la lutte contre le changement climatique ».
https://www.theguardian.com/us-news/2024/mar/04/exxon-chief-public-climate-failures
Il faut rappeler qu’ExxonMobil a fait l’objet de poursuites judiciaires aux USA pour semé le doute sur la crise climatique alors qu’elle en avait parfaitement connaissance, et même « reconnu la nécessité de décarboniser ».
Mais pour y arriver et rapidement, il faut effectivement d’énormes investissements aussi bien en matière de réduction des gaz à effet de serre dans l’industrie des énergies fossiles, que celle des capacités de production d’énergie propre, ou encore en matière de sobriété énergétique.
Pour le moment, la plupart des projections en matière de consommation énergétique dans le monde, particulièrement celles émises par les compagnies pétrolières et gazières, indiquent que la part des énergies fossiles poursuivra sa croissance au moins jusqu’à 2035, puis évoluera en fonction effectivement des politiques énergétiques qui seront mises en œuvre. Mais pratiquement tous les scénarios prévoient le maintien en tête de peloton des énergies fossiles, et plus particulièrement le gaz naturel.
Le GECF, dans la présentation récente de son rapport « Gas Outlook Report 2023 » à Alger le 29 Février, prévoit dans un scénario moyen que la consommation énergétique primaire entre 2022 et 2050 va passer de 14,9 Mds à 17,9 Mds de tonne-équivalent-pétrole, soit un accroissement de 19,8%, et que la part du gaz passera de 23 à 26%, alors que le pétrole chutera de 30 à 26%.
Seules les projections de l’AIE prévoient une chute plus importante, et cela présage d’une deuxième confrontation entre les défenseurs des énergies fossiles et les contre au cours de la prochaine COP 29.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=3771
