COP 28 : La pression sur les énergies fossiles se poursuit

Rédaction (A.M)
Environnement & Climat
Rédaction (A.M)6 décembre 2023
COP 28 : La pression sur les énergies fossiles se poursuit

La déclaration du Secrétaire Général de l’ONU « nous sommes entrés dans l’ère de l’ébullition mondiale », indique effectivement que sans accords importants, impliquant toutes les parties et sans réserve, il sera difficile de contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C égal à celui de l’ère préindustrielle de 1,4°C. D’où l’importance des tractations entre parties à travers parfois de véritables guerres d’influence entre elles, les intérêts et les priorités des uns et des autres ne se rejoignant pas toujours

ONG contre lobbyistes pétroliers

Les différentes ONG présentes à la COP se plaignent du nombre important (2.400) de « lobbyistes des énergies fossiles à la COP28 », des représentants du secteur des hydrocarbures et du charbon, sans compter que le Président de la CP 28 est lui-même le patron de l’une des plus importantes compagnies pétrolières l’ADNOC (émiratie).

De leur côté les producteurs d’hydrocarbures tentent de défendre leur conception d’une « Transition juste »  en justifiant :

  • D’un côté l’impossibilité d’éliminer de façon aussi rapide que le pensent certains le rôle de ces énergies fossiles, à moins de mettre en péril non seulement la sécurité énergétique des pays consommateurs, mais aussi des secteurs industriels très importants.
  • De l’autre, leur confiance et leur volonté dans les progrès technologiques et les investissements qu’ils entreprennent en matière de réduction des émissions à travers le captage et de stockage du CO2, la réduction des émissions de méthane et des gaz torchés.

Tous sont d’accord sur une réduction progressive à un horizon au-delà de 2040, sauf en ce qui concerne le gaz naturel qui est pour le moment épargné au regard de son rôle de complémentarité avec les ENR, et dans de nombreuses industries où il est difficile, voire impossible pour le moment de l’éliminer. Mais tous ne font pas partie non plus comme par hasard des 10 pays responsables des deux tiers des émissions de CO2 : Chine, USA, Inde, Russie, Japon, Iran, Allemagne, Corée du Sud, Indonésie et Arabie Saoudite. Trois d’entre eux en émettent plus de 50% !

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La plus visée des énergies fossiles est celle du charbon dont la sortie est demandée à l’horizon 2030 par le Président français E. Macron qui semble viser les six grands consommateurs qui sont en 2019 la Chine (51%), l’Inde (11,8%), les USA (7,2%), le Japon (3,1%), l’Afrique du Sud (2,4%), la Russie (2,3%). Il faut aussi préciser que l’Allemagne(1,5% de la consommation mondiale en 2019) qui se dit ou plutôt se disait championne de la transition énergétique a vu son recours au charbon repartir à la hausse suite au conflit russo-ukrainien et l’arrêt des importations de son gaz. Le charbon compte actuellement (2022) pour 31,6% dans son mix énergétique, contre 44,5% en énergies renouvelables.

La Chine demeure le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre (1/3), mais elle possède le plus grand parc photovoltaïque du monde, et fabrique le plus grand nombre de véhicules électriques, ce qui lui permet de négocier sa position par rapport au fond pertes et dommages.

Quelques engagements positifs

La finalisation dès le premier jour, de l’accord sur le « fond pour les pertes et dommages », est certes un premier résultat positif très attendu, mais il reste à savoir comment sera géré ce fond, qui seront les donateurs, et qui seront les bénéficiaires des 100 milliards de dollars à mobiliser entre 2020 et 2025, et comment seront-ils accordés et remboursés par les pays bénéficiaires parcequ’ils s’agit de prêts et non de dons.

Un deuxième engagement vient de voir le jour. 118 pays s’engagent déjà à multiplier les énergies renouvelables à l’horizon 2030, tandis que 63 autres s’engagent à limiter les émissions du secteur du refroidissement. Alors que 1,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à ces technologies, auxquels il faut ajouter la croissance démographique et les impacts de réchauffement climatique, il est prévu que les capacités de refroidissement soient multipliées par trois. La solution passe par « un refroidissement durable » selon le représentant américain John Kerry, et le « Global Cooling Pledge » propose un plan de réduction qui passe par « l’établissement de normes minimales de performance énergétique d’ici 2030, ainsi que la réduction des émissions liées à ce secteur de 68% à l’horizon 2050 ».

De son côté, le Groupe de coordination Arabe ACG a décidé de mobiliser un fond de 10 milliards de dollars pour « conduire une transition complète et abordable vers les énergies renouvelables dans les pays en développement ».Ce fond vient s’ajouter à celui annoncé le premier jour par les Emirats Arabes unis, « un engagement de 30 milliards de dollars  en faveur du fond d’investissement « ALTERRA » destiné à faire avancer les efforts internationaux visant à créer un système de financement climatique plus équitable, en mettant l’accent sur l’amélioration de l’accès au financement pour le Sud global ». Ce fond privé est appelé à mobiliser 250 milliards de dollars à l’horizon 2030, et 4,5 Milliards seront déjà consacrés à l’aide des pays africains pour la lutte contre les dérèglements climatiques et le développement des énergies renouvelables.   

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