Le PDG du groupe gazier et pétrolier public algérien, Toufik Hakkar, a été limogé ce mardi 02 Octobre 2023, après un peu moins de trois ans à la tete de ce géant qui correspond à la plus importante compagnie en Algérie et en Afrique. Il a été remplacé par Mr. Rachid Hachichi. « Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a nommé Rachid Hachichi au poste de PDG du groupe Sonatrach, en remplacement de Toufik Hakkar », a indiqué la télévision, sans préciser les raisons de cette décision.
Rachid Hachichi avait déjà occupé le poste de PDG de Sonatrach entre avril et novembre 2019, en remplacement d’Abdelmoumene OuldKaddour. Pour ce deuxième passage, il compte faire de la satisfaction des besoins du pays en carburants et de l’augmentation des exportations algériennesd’hydrocarbures ses priorités, d’après les premières déclarations qu’il a faites après sa nomination.
Toufik Hakkar était en poste depuis février 2020. Les raisons de son limogeage n’ont pas été précisées par le Ministère de l’Énergie et des mines. Son bilan à la tête du géant gazier demeure difficile à établir, car la compagnie ne publie plus ses résultats depuis des années et son règne a coïncidé avec la crise pétrolière majeure au printemps 2020 où les prix du brut avaient connu une baisse historique, avant de remonter suite conflit Russo-Ukrainien. Cependant, il est a rappelé que durant la présidence de Hakkar à la tête de Sonatrach, les installations de cette dernière ont connu de nombreux incidents techniques majeurs.
Hakkar est celui qui est resté le plus longtemps à la tête de la société depuis 2011. Son prédécesseur, Kamel Eddine Chikhi, n’était resté que 3 mois en poste (novembre 2019-février 2020). Chikhi avait succédé au revenant Rachid Hachichi qui a dirigé Sonatrach entre avril et novembre 2019 et qui vient donc de faire son grand retour en tant que 12ème PDG en 23 ans.
Instabilité à Sonatrach : Douze PDG depuis 2000
Lors de son premier passage, Hachichi avait remplacé Abdelmoumene Ould Kaddour, limogé en avril 2019, quelques jours après la démission de l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika, dont on le disait très proche.
Ould Kaddour fera par la suite l’objet de poursuites judiciaires. Réfugié à l’étranger, il a été extradé en août 2021 par les Émirats arabes unis vers l’Algérie où il a été jugé et condamné. Actuellement, il purge une peine de 10 ans de prison ferme.
Dans l’intervalle entre le déclenchement du Hirak en février 2019 et l’élection présidentielle de la même année, les PDG de Sonatrach ne tenaient que quelques mois en poste.
Néanmoins, l’instabilité managériale au sein de la compagnie algérienne est bien antérieure à cette période. Elle est même endémique depuis la deuxième décennie de la présidence Bouteflika. Rachid Hachichi est le dixième PDG à diriger Sonatrach depuis 2010. Soit une moyenne de presque un PDG tous les deux ans.
En 20 ans, le major algérien aura connu une douzaine de PDG. Celui qui a duré le plus longtemps au poste pendant cette période est Mohamed Meziane(2003-2010), mais il reste loin des 13 années tenues par Sid-Ahmed Ghozali, PDG entre 1966 et 1979.
Les fréquents changements survenus à la tête de la compagnie depuis 2010 ont été souvent pointés du doigt par les analystes internationaux comme l’un des facteurs qui ont impacté ses performances.
Outre l’instabilité managériale, Sonatrach souffre des poursuites judiciaires à l’encontre de ses anciens hauts responsables dont certains ont été condamnés à de la prison ferme par la justice algérienne qui a aussi lancé un mandat d’arrêt international à l’encontre de Chakib Khellil, qui a assuré les fonctions de PDG de Sonatrach entre 2001 et 2003, poste qu’il a cumulé avec celui de ministre de l’Énergie et des Mines.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=3356