Qu’est-ce que l’OPEP et l’OPEP+ ?
L’OPEP a été fondée en 1960 à Bagdad par l’Irak, l’Iran, le Koweït, l’Arabie saoudite et le Venezuela dans le but de coordonner les politiques pétrolières et de garantir des prix équitables et stables. Aujourd’hui, l’OPEP regroupe 13 pays, principalement du Moyen-Orient et d’Afrique. Ils produisaient environ 30 % du pétrole mondial. Sa composition a évolué avec le temps avec de nouvelles adhésions et parfois des sorties.
Les membres actuels de l’OPEP sont les suivants : L’Arabie saoudite, les Émiratsarabesunis, le Koweït, l’Irak, l’Iran, l’Algérie, l’Angola, la Libye, le Nigeria, le Congo, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Venezuela.
Fin 2016, l’OPEP a formé la coalition dite OPEP+ avec 10 des principaux pays exportateurs de pétrole non membres de l’OPEP : la Russie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, Bahreïn, Brunei, la Malaisie, le Mexique, Oman, le Sud-Soudan et le Soudan.)
L’influence de l’OPEP a été remise en question au fil des ans, ce qui a souvent entraîné des divisions internes, et la poussée mondiale vers des sources d’énergie plus propres et l’abandon des combustibles fossiles pourraient en fin de compte diminuer sa domination.
L’OPEP+ représente environ 40 % de la production mondiale de pétrole et son principal objectif est de réguler l’offre de pétrole sur le marché mondial. Les chefs de file sont l’Arabie saoudite et la Russie, qui produisent chacune environ 10 millions de barils par jour (bpj) de pétrole.
Comment l’OPEP influence-t-elle les prix mondiaux du pétrole ?
Les exportations des États membres de l’OPEP représentent environ 60 % du commerce mondial du pétrole. En 2021, l’OPEP a estimé que ses pays membres représentaient plus de 80 % des réserves prouvées de pétrole dans le monde, ce qui en fait un acteur majeur sur la scène énergétique mondiale.
En raison de cette importante part de marché et de réserves, les décisions prises par l’OPEP peuvent avoir une incidence et une influence sur les prix mondiaux du pétrole. Ses membres se réunissent régulièrement pour décider de la quantité de pétrole à vendre sur les marchés mondiaux.
Par conséquent, lorsqu’ils réduisent l’offre quand la demande diminue, les prix du pétrole ont tendance à augmenter, sinon au moins à se stabiliser. Les prix ont tendance à baisser lorsque le marché est suralimenté en volume en particuliers en provenance d’autres producteurs indépendants, ou parfois aussi en provenance des producteurs de l’OPEP elle-même en cas de guerre des quotas comme cela a eu lieu dans le passé sur le marché mondial.
Par contre, suite à la chute du prix du baril en Juin 2014, l’accord historique d’Alger en 2016 entre les 14 pays de l’OPEP a réussi à instaurer une nouvelle cohésion au sein du cartel, basée de nouveau sur une politique de quotas de production, avec une réduction de 1,2 MMB/jour, et un plafond de 32,5 MMB/jour. Cet accord a mis fin à huit années de « laisser faire » qui a vu le prix du baril baisser de moitié depuis Juin 2014, mais son autre objectif consistait aussi à convaincre les autres pays producteurs non-OPEP à rejoindre cet accord, ce qui a donné naissance à l’OPEP+ et des consultations régulières en matière de niveau de production jusqu’en Avril 2020 après une brève rupture du pacte.
La cohésion retrouvée et renforcée ainsi en 2020 a permis non seulement de faire remonter progressivement le prix du baril après sa chute due à la crise sanitaire mondiale (COVID19), mais aussi de maintenir sa stabilité relative à un niveau profitable pour l’ensemble de ses membres. Le processus mis en place a consisté à suivre de près la demande mondiale avec des réductions ou des augmentations de productions avec des quotas pour chaque membre de l’OPEP+. La plus récente décision remonte au 2 avril 2023, quand l’OPEP+ a accepté d’intensifier la réduction de la production de pétrole brut à 3,66 millions de barils par jour (bpj), soit 3,7 % de la demande mondiale, jusqu’à la fin de 2023, ce qui a contribué à faire grimper les prix du pétrole d’environ 9 dollars le baril à plus de 87 dollarsle barilde Brent dans les jours qui ont suivi.
Comment les décisions de l’OPEP impactent-elles l’économie mondiale ?
Certaines décisions de réduction de la production ont eu des effets significatifs sur l’économie mondiale.
Pendant la guerre israélo-arabe de 1973, les membres arabes de l’OPEP ont imposé un embargo aux États-Unis en représailles à leur décision de réapprovisionner l’armée israélienne, ainsi que d’autres pays qui soutenaient Israël. L’embargo a interdit les exportations de pétrole vers ces pays et a entraîné une réduction de la production de pétrole.
L’embargo pétrolier a mis sous pression une économie américaine déjà tendue, qui était devenue dépendante des importations de pétrole. Les prix du pétrole ont grimpé en flèche, entraînant des coûts de carburant élevés pour les consommateurs et des pénuries de carburant aux États-Unis. L’embargo a également conduit les États-Unis et d’autres pays au bord d’une récession mondiale.
En 2020, lors des lockdownsCOVID-19 dans le monde entier, les prix du pétrole brut ont chuté. À la suite de cette évolution, l’OPEP+ a réduit sa production de pétrole de 10 millions de barils par jour, ce qui équivaut à environ 10 % de la production mondiale, pour tenter de soutenir les prix.
Autres impacts sur le marché pétrolier et l’économie mondiale
L’avènement du conflit russo-ukrainien en 2021 a de son côté impacté le marché pétrolier et l’économie mondiale à travers trois facteurs principaux :
- les craintes d’une récession mondiale pouvant entrainer une baisse importante de la demande mondiale, particulièrement au niveau des pays importateurs et les plus gros consommateurs d’énergie Chine, Inde, Europe).
- Une modification des voies d’échange et de commercialisation des ressources énergétiques, surtout en ce qui concerne le gaz naturel.
- Une accélération des politiques de transition et d’économie d’énergie.
Ces trois facteurs ont beaucoup pesé non seulement sur les décisions prises au fur et à mesure au sein de l’OPEP+, dont l’objectif principal est devenu la défense du prix du baril de pétrole, mais aussi sur les politiques et stratégies d’alliance et de partenariat aussi bien au sein de l’OPEP+, qu’entre ses membres et le reste du monde, dont les contours géopolitiques seront en partie impactés à l’avenir par le facteur « sécurité énergétique.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2984