Alors que le conflit Russo-Ukrainien a bouleversé les marchés de l’énergie, la Russie étant un important producteur de pétrole et de gaz, « energymagazinedz » fait le point sur la production de pétrole dans le monde.
Le 24 février 2022, lorsque le conflit entre la Russie et l’Ukraine voit le jour, ce n’est pas seulement l’ordre géopolitique mondial qui bascule. À cette date, la Russie est alors une puissance énergétique de premier plan, 1er exportateur mondial de produits pétroliers et de gaz naturel, le troisième en charbon.
L’onde de choc qui a découlé du conflit – et surtout des sanctions occidentales contre la Russie – s’est propagée sur un marché de l’énergie déjà en crise depuis plusieurs années. Le prix des combustibles fossiles a explosé et la pire crise de l’énergie depuis les chocs pétroliers des années 1970 a touché l’Europe. En représailles du plafonnement occidental des prix appliqué à son pétrole, la Russie a interdit la vente de son pétrole brut aux pays ayant recours à ces mécanismes.
Alors que Moscou cherche de nouveaux débouchés pour exporter son brut et que les Occidentaux se tournent vers de nouveaux fournisseurs, le monde de l’énergie a vu se créer une nouvelle carte.
Les États-Unis en tête du classement des plus gros producteurs de pétrole, suivis par l’Arabie saoudite et la Russie
En 2014, les États-Unis parvenaient à se hisser à la 1ère place du classement des plus gros producteurs de pétrole du monde pour la première fois depuis 1975, avant de reculer d’une place en 2016 puis de reprendre la tête du classement depuis 2017. Une montée en puissance exceptionnellement rapide, qui s’explique par la production massive d’hydrocarbures non-conventionnels, les gaz et pétrole de schiste, qui représentent 65 %des extractions du pays. Depuis, Washington s’est taillé une avance confortable. Sa production s’élevait en 2021 à plus de 16,5 millions de barils par jour (Mb/j), soit 18,5 % du total mondial, selon le rapport annuel sur l’énergie dans le monde de BP.
Conséquence du conflit Russo-Ukrainien et de la hausse du prix du baril qu’elle a provoquée, l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) prévoit d’ici à 2024 une augmentation de la production de brut de l’ordre d’un million de barils par jour, un niveau jamais atteint auparavant. De cette accélération de la production américaine dépend la concrétisation d’une autre conséquence importante du conflit Russo-Ukrainien : La transformation des Etats-Unis en exportateur netde pétrole, qui pourrait intervenir selon plusieurs analystes cités par l’agence Reuters en 2023. Le pays, dont la demande intérieure est massive, importe de moins en moins et a déjà mobilisé ses réserves stratégiques pour exporter en remplacement du pétrole russe, mais aussi pour empêcher la hausse du prix du baril qui a entrainé une importante hausse des carburants aux USA..
Au coude-à-coude, en deuxième et troisième places, viennent l’Arabie saoudite (11 Mb/j) et la Russie (10,9 Mb/j) en 2021. L’écart entre Riyad et Moscou pourrait néanmoins se creuser à partir de 2023. En réaction aux sanctionsoccidentales, le vice-Premier ministre russe« Alexander Novak » a annoncé une réduction de 5 à 7 % de la production pétrolière, soit près de 500 000 à 700 000 barilsproduitsen moins par jour. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a, pour sa part, estimé dans son rapport annuel que cette baisse pourrait atteindre 1,4 Mb/j.
Les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie représentaient en 2021 plus de 40 % de la production mondiale de pétrole. Ils ont produit à eux trois plus de pétrole que les sept autres pays du top 10 réunis, à savoir le Canada, l’Irak, la Chine, les Émirats arabes unis, l’Iran, le Brésil et le Koweït.
En Europe, la Norvège domine la production de pétrole
À la 11e place du classement se trouve la Norvège avec 2,025 millions de barils par jour. Le pays scandinave peut se targuer d’être le plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe, hors Russie. Son fonds souverain, chargé de faire fructifier les dividendes du pétrole, s’élève à 1 170 milliards de dollars, soit trois fois le PIB du pays. Il était le plus gros au monde avant que l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêt le rattrapent – en novembre 2022, il a laissé sa première place au fond étatique chinois « ChinaInvestmentCorporation ».
En 2ème position au niveau européen se trouve le Royaume-Uni, (874 000 barils par jour)puis très loin, en troisième placel’Italie(100 000 barils par jour).
Quid de l’OPEP+ ?
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est une organisation intergouvernementale qui réunit plusieurs pays pétroliers, principalement situés dans le Golfe, en Afrique et en Amérique latine. Elle a été créée en 1960 dans le but de coordonner les politiques pétrolières et contrôler les niveaux d’exploitation des pays membres, afin d’assurer « des prix équitables et stables aux producteurs » et « un approvisionnement fiable, régulier et abordable », explique le cartel sur son site.
Selon son statut, « tout pays dont les exportations nettes de pétrole brut sont importantes, et qui a des intérêts fondamentalement similaires à ceux des pays membres, peut devenir un membre à part entière de l’organisation ». Tous les principaux pays producteurs de pétrole n’en font néanmoins pas partie – dans le « top 10 des plus gros producteurs mondiaux », seuls l’Arabie saoudite, chef de file de l’organisation, l’Irak, l’Iran et les Émirats ArabesUnis sont membres du cartel.
À noter qu’en 2016, alors que les prix du pétrole étaient vertigineusement bas, les 13 paysmembres de l’Opep se sont associés à 10 autres pays pour créer l’Opep+ dans l’optique d’ajuster leur production pour soutenir les prix. Les États membres de cette nouvelle alliance ne sont pas tenus de respecter les décisions de l’Opep, mais peuvent participer aux discussions.
L’influence de l’organisation s’était fortement érodée ces dernières années, tant à cause de l’augmentation de l’offre de pays non-membres – principalement les États-Unis – que de la situation politique de certains ses membres. Les crises politiques comme les sanctions internationales ont fait chuter la production de pays comme la Libye, le Venezuela ou encore l’Iran. Mais la participation des pays producteurs associés dans l’OPEP+, et notamment de la Russie, au contrôle de l’offre pour maintenir les prix du pétrole à un niveau suffisamment rémunérateur pour les exportateurs, sans les laisser s’envoler pour nepasfavoriser la production américaine de pétrole de schiste – qui mobilise sans cesse un réinvestissement pour forer de nouveaux puits – a redonné du poids à ces pays sur le marché. Ce, jusqu’aux restrictions appliquées aux achats de gaz et de pétrole russe en rétorsion à au conflit.
La part de l’Opep dans la production mondiale de pétrole ne cesse de reculer. En 2021, elle était de 35 % selon le rapport annuel de l’AIE. Les différentes projections de l’agence prédisent néanmoins un retour en force de l’organisation qui pourrait, d’ici à 2050, produire la moitié du pétrole mondial. Mais sa part des exportations mondiales de pétrole est de 60 %,lui confère aussi un poids important dans la fixation des prix. C’est ce qu’on constate particulièrement depuis le mois d’Avril 2020 à travers une stratégie de production basée sur le suivi stricte du marché (offre-demande) pétrolier, malgré de fortes pressions exercées par les USA et l’UE pour augmenter la production et par conséquent entrainer le prix du baril vers le bas. Jusqu’à présent cette stratégie a réussi grâce à une parfaite cohésion entre les membres de l’OPEP+.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2684