Tout d’abord, qu’est-ce que le GreenWashing ?
Le greenwashing (ou « éco-blanchiment » pour sa traduction française la plus usitée) est une stratégie de communication et de marketing adoptée par des entreprises ou autres organisations. Elle consiste à mettre en avant des arguments écologiques pour se forger auprès du public une image écoresponsable, alors que la réalité des faits ne correspond pas, ou insuffisamment, à la teneur explicite ou implicite des messages diffusés.
Formé par l’association/contraction des mots anglais green(« vert ») et whitewashing(« blanchiment » dans tous les sens du terme) ou brainwashing (« lavage de cerveau »), le terme a été créé au début des années 1990 par des ONG soucieuses de dénoncer certaines pratiques des grands groupes industriels, puis popularisé au cours des années 2000 qui ont vu une expansion notable du procédé. Le greenwashing génère une confusion qui porte préjudice aux structures réellement engagées dans des démarches effectives de RSE et de développement durable.
Quelques exemples majeurs d’éco-blanchiment
- La « voiture propre »
Pratiquement tous les constructeurs automobiles vantent les prouesses écologiques de leurs modèles électriques, hybrides ou particulièrement économes en carburant et performants en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Ils en « oublient » de signaler l’origine (rarement verte) de l’électricité qui recharge les batteries, et les différents scandales des tricheries aux tests de pollution …
- Les « énergies propres »
Tous les grands acteurs mondiaux de l’énergie communiquent sur leur politique volontariste en matière de développement des énergies renouvelables, alors que la réalité des faits met en évidence des stratégies (y compris au niveau de la recherche et des investissements) massivement en faveur des énergies fossiles et du nucléaire.
- Le green-computing ou « informatique verte »
Les nouvelles technologies en général, et l’informatique en particulier, sont un allié majeur de l’environnement (économies de papier, de transport…). Certes. C’est oublier l’exploitation écologiquement désastreuse des « terres rares » indispensables à la fabrication des composants, et que l’énergie électrique pour l’alimentation des appareils et des dispositifs de refroidissement est le premier facteur mondial d’émissions de CO2 dans l’industrie.
Concernant TotalEnergies
TotalEnergies est visé depuis décembre 2021 par une enquête à Nanterre pour « pratiques commerciales trompeuses » dans le domaine de l’environnement. Le groupe est également ciblé dans deux autres dossiers. Il défend ses engagements.
TotalEnergies compte parmi les grands groupes les plus controversés du moment. Il est la cible privilégiée des ONG qui l’accusent de « greenwashing », de manque à son devoir de vigilance et d’atteinte à l’environnement et aux droits humains dans le cadre de son projet Eacop, un pipeline de pétrole brut entre la Tanzanie et l’Ouganda. Ce jeudi 26 janvier, le parquet de Paris a confirmé une information du célèbre « Mediapart » : le groupe est la cible d’une enquête portée par le pôle économique et financier du parquet de Nanterre pour « pratiques commerciales trompeuses » depuis décembre 2021.
TotalEnergies ciblé dans trois dossiers et une enquête
En octobre 2020, les associations Wild Legal, Sea Shepherd France et Darwin Climax Coalitions ont porté plainte au pénal contre Total, l’accusant notamment de pratiques commerciales trompeuses et de dégradation de l’air. Contacté par l’AFP, le géant pétrolier répond n’avoir « aucune information sur la plainte évoquée. Et ni la compagnie ni ses dirigeants n’ont reçu de demande d’audition à ce sujet ». En mars 2022, Greenpeace France, les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous ont, elles aussi, assigné TotalEnergies en justice pour « greenwashing » et « pratiques commerciales trompeuses ». Les ONG visent notamment une campagne publicitaire où la firme se revendique comme étant un « acteur majeur de la transition énergétique » pour « atteindre une société NetZero dès 2050 ». Une décision est attendue le 28 février à Paris, pour savoir s’il y a lieu à enquête.
En janvier 2020 d’autres associations environnementales – Notre affaire à tous, Sherpa, ZEA, les Eco Maires et FNE – ont déposé un recours contre Total concernant le devoir de vigilance des multinationales. Elles souhaitent que la justice ordonne au groupe de « réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre », selon un communiqué de presse de l’une des association. En septembre 2022, Poitiers, Paris, NewYork et AmnestyFrance ont rejoint l’appel. Une nouvelle audience aura lieu le 22 mars prochain au tribunal judiciaire de Paris.
TotalEnergies répond aux accusations
Contacté par l’AFP, le géant pétrolier a défendu sa stratégie « concrète (…) pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ». Il évoque « des investissements », des « nouveaux métiers » et une « baisse significative des émissions de gaz à effet de serre ». Ses émissions en Europe ont été réduites « de 23 % entre 2015 et 2022 », affirme le groupe.
TotalEnergies organise et finance encore aujourd’hui des projets d’exploitation des énergies fossiles comme « Eacop ». Ce projet de pipeline chauffé émettra à lui seul 34 millions de tonnes de CO2 par an selon l’ONGAfiego, l’IDI et la société BankTrack. Le groupe est largement actif pour défendre son projet sur les réseaux sociaux et partage « 10 idées reçues sur les projets Tilenga & EACOP ».
Des investissements suffisants dans sa transformation ?
Selon l’agence internationale de l’énergie (AIE), le mix énergétique mondial compatible avec la neutralité carbone impose « la baisse rapide de la demande de pétrole et de gaz naturel ». Elle ajoute : « il n’y a pas d’exploration requise » et « aucun champ gazier et pétrolier nouveau n’est nécessaire au-delà de ceux déjà approuvés ». La feuille de route exclut aussi tout nouvel investissement dans les centrales électriques à charbon. Sur la période 2022-2025, TotalEnergies prévoit des investissements compris entre 14 milliards à 18 milliards d’euros par an. Un tiers sera dédié aux énergies renouvelables et aux économies d’énergie, les deux tiers restants seront dédiés à la croissance dans le gaz naturel liquéfié(GNL) et à de nouveaux projets pétroliers.
Les ONG reprochent notamment au géant pétrolier son double discours. En effet, alors qu’il se présente comme un acteur majeur de la transition écologiqueeténergétique et prône en apparence la neutralité carbone, il continue d’investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers, en contradiction avec la position de l’AIE.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2642