Les régulateurs de l’énergie de l’Union européenne ont publié jeudi dernier leur première évaluation quotidienne du prix du gaz naturel liquéfié (GNL), une première étape dans le projet de l’UE de lancer un nouveau prix de référence européen du GNL d’ici la fin mars.
L’idée est que les acheteurs et les vendeurs de GNL puissent utiliser cette nouvelle référence comme base de leurs contrats. Les prix du GNL en Europe ont toujours été liés au prix de l’index gazier néerlandais TTF (Title Transfer Facility), un centre de grande volatilité depuis que la Russie a réduit ses livraisons de gaz par gazoduc à l’Europe l’année dernière.
La première évaluation du prix du GNL par l’Agence européenne de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) a été publiée plus tard que prévu, le 13 janvier, en raison d’un manque initial de données de la part des acteurs du marché. Certains acteurs du marché se demandent si le nouveau prix est vraiment nécessaire.
POURQUOI L’UE VEUT-ELLE UN NOUVEAU PRIX DU GNL ?
Les prix du gaz en Europe ont atteint des sommets l’année dernière, la Russie ayant réduit ses approvisionnements et provoqué un resserrement qui a vu les pays de l’UE augmenter leurs importations de GNL de 71 % par rapport à l’année précédente (2021), selon les données de Refinitiv Eikon. Contrairement au gazoduc, le GNL n’est pas largement négocié sur les marchés boursiers, de sorte que le coût du combustible est moins visible.
L’UE a chargé l’ACER de publier une évaluation quotidienne des prix du GNL à partir du 13 janvier, afin de rendre les prix plus transparents et d’éviter que les pays de l’UE ne se livrent à des enchères pour l’approvisionnement, ce qui pourrait faire grimper les prix davantage.
COMMENT LES PRIX DU GNL SONT-ILS ACTUELLEMENT CALCULÉS ?
Les cargaisons de GNL sont livrées sur une base ex-ship (DES), ce qui signifie que le prix inclut la livraison à un port spécifique, arrivant dans plusieurs régions européennes. Les livraisons en Europe du Nord-Ouest (NWE) comprennent le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique et la France atlantique, tandis que les livraisons en EuropeduSud-Ouest atteignent l’Espagne, le Portugal et l’Italie, entre autres.
Alors que les échanges de GNL en Europe ont toujours été liés au prix du TTF, les agences de tarification de l’énergie, dont Platts, Argus et Spark Commodities, utilisent l’indice LNGNWEDES qui reflète mieux le prix des cargaisons de GNL livrées en EuropeduNord-Ouest que le TTF.
EN QUOI LE PRIX DU GNL D’ACER SERA-T-IL DIFFÉRENT ?
L’évaluation quotidienne du prix du GNL par l’ACER est basée sur les transactions, que les acteurs du marché sont tenus de déclarer à l’ACER, pour les transactions spot impliquant des navires d’une capacité d’au moins 75 000 mètres cubes de GNL.
L’évaluation couvrira les transactions pour une livraison dans la seconde moitié du mois à venir, sur une base DES et sera un prix moyen pondéré des transactions quotidiennes de GNL au comptant avec une fenêtre glissante de cinq (5) jours ouvrables maximum.
Une différence majeure réside dans le fait que les autres agences de fixation des prix agrègent etrapportent généralement les donnéesd’un seul jour d’évaluation des prix.
POURQUOI L’ACER A-T-ELLE TARDÉ À PUBLIER UN PRIX ?
Les acteurs du marché du GNL sont légalement tenus de communiquer les données relatives à leurs transactions. L’ACER ne peut produire une évaluation des prix que si elle reçoit au moins cinq transactions au cours de la période de cinq jours évaluée.
Jeudi, c’était la première fois qu’elle atteignait ce seuil. Avant cela, la plupart des données communiquées à l’ACER étaient inutilisables, notamment parce qu’elles portaient sur des cargaisons négociées dans le cadre de contrats à long terme ou dont les délais de livraison étaient trop éloignés.
L’ACER a déclaré que ce lent démarrage n’était pas surprenant au cours des premières semaines de l’évaluation des prix, car le marché européen des échanges de GNL au comptant est peu liquide, et les participants au marché étaient encore en train de s’habituer aux nouvelles exigences de déclaration.
RÉACTION DU MARCHÉ ?
Certaines sources industrielles ont déclaré qu’il faudrait plus de temps pour que le prix du GNL de l’UE se développe, et que les conditions actuelles du marché n’ont peut-être pas joué en faveur de l’ACER. « Malheureusement pour l’ACER, l’évaluation des prix a commencé pendant une période où les prix ont considérablement chuté par rapport aux sommets anormaux atteints précédemment », a déclaré Ryan Pereira, un expert mondial de l’industrie du GNL.
M. Pereira a ajouté que le « Japan Korea Marker », désormais largement utilisé comme référence pour le GNLasiatique, a été établi pour la première fois en 2009 et qu’il a fallu plus de 8 ans avant qu’il ne soit largement accepté.
D’autres sources industrielles et commerciales se sont interrogées sur la nécessité d’un nouvel indice de prix – et sur son utilisation effective par les acteurs du marché et les banques – car de nombreuses agences de tarification utilisent déjà l’indice DES du GNL.
« L’UE devrait s’efforcer d’inciter davantage d’entreprises à signer des accords d’achat de GNL à long terme plutôt que d’imposer aux entreprises un grand nombre de formalités administratives symboliques », a déclaré Oystein Kalleklev, Directeur Général de l’armateur FLEX LNG.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2606
