Solaire : Le potentiel existant en Algérie peut lui permettre de se passer du gaz !

Fakhreddine Messaoudi
2022-11-07T11:26:28+01:00
Energies renouvelablesEnvironnement & Climat
Fakhreddine Messaoudi7 novembre 2022
Solaire : Le potentiel existant en Algérie peut lui permettre de se passer du gaz !

Avec son potentiel naturel immense, l’Algérie peut jouer un rôle-clé dans le secteur des énergies renouvelables, au moins au plan régional, et assurer sa propre transition énergétique. Son potentiel solaire permettrait notamment de réduire considérablement la consommation de gaz fossile. Or, dans les faits, le pays peine à s’y lancer sérieusement.

Avec une superficie de 2,4 millions km², la plus vaste en Afrique, et 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’un des taux les plus élevés dans le monde, l’Algérie est paradoxalement très dépendante des combustibles fossiles. Pourtant un ambitieux programme de 22.000 MW en ENR avait été lancé dès 2011 mais demeuré dans les tiroirs. En Avril 2017,  l’ex-ministre de l’Énergie, «Noureddine Boutarfa », a de nouveau annoncé une perspective ambitieuse pour le pays, celle d’ « atteindre 27% de la consommation nationale en électricité d’origine solaire à l’horizon de 2030 », tout en déclarant que le pays n’aura plus besoin de développer le gaz de schiste, mettant fin à une polémique qui avait, en 2015, donné lieu à des manifestations de protestation contre son exploitation, alors que les autorités elles-mêmes ont longtemps préféré garder le silence sur cette affaire.

Près de 99 % de la production d’électricité est réalisée à partir de gaz, une information que le ministre de l’Energie et des Mines« Mohamed Arkab » avait donné devant la presse, en marge du sixième symposium de l’Association algérienne de l’Industrie du gaz (AIG) organisé sous le thème « le gaz naturel au centre de la diversification énergétique », avant d’ajouter « le gaz représente une ressource primaire plus propre que les autres ressources fossiles ». Les renouvelables n’assurant que le pourcent restant, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie.

Confrontés aux défis environnementaux de plus en plus complexes, et tenus d’apporter des solutions à la fois urgentes et durables à la problématique de la préservation de ses hydrocarbures, les dirigeants du pays se sont empressés d’annoncer un programme ambitieux, mais qui s’est avéré utopique, visant à améliorer à des proportions inédites l’efficacité énergétique dans des secteurs aussi divers que l’industrie, les transports ou le bâtiment.

Algerie - energymagazinedz

C’est ainsi que jusqu’en 2020, seuls environ 500 MW de capacité étaient d’origine renouvelable, et c’est alors que le Président de la République « Abdelmadjid Tebboune » a décidé de créer un Ministère dédié aux Energies Renouvelables et à la Transition Energétique, dont la mission devait se focaliser sur l’accélération de cette transition

Trois décisions illustrent cet intérêt accru qu’accordent les autorités algériennes aux énergies vertes : D’abord le lancement, en Décembre 2022, d’un appel d’offre national et international pour la mise en œuvre du projet « Solar 1000 MW », susceptible de générer 800 millions de dollars d’investissement. D’après le gouvernement, le projet s’étalera sur plusieurs étapes, avec l’installation d’au moins 5 centrales solaires de différentes capacités dans le sud, et plus précisément à Ghardaïa, Ouargla et Béchar, El-Oued et Laghouat. 110 entreprisesnationales et étrangères ont retiré le cahier des charges qui exige de chaque investisseur de participer, à raison de 66%, du montage financier, le reste étant à la charge de la société publique « Shaems », dont les deux actionnaires ne sont autres que « SONELGAZ » et « SONATRACH » (50% chacun).

5 sites - energymagazinedz

En 2021, l’ex-ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables« Ben Attou Ziane », avait exigé que la société publique « Shaems » soit associée de fait à des partenaires locaux ou étrangers. Un délai de quatre mois avait été fixé à tous les opérateurs intéressés par ce projet pour déposer leurs offres, mais celui-ci a été reporté à deux reprises, sans que l’on sache aujourd’hui la date de dépôt des offres. Ces reports semblent être imputés à trois raisons :

  • De nombreuses demandes de clarifications de la part des soumissionnaires potentiels.
  • La préparation technique des sites sélectionnés dont il fallait étudier et contrôler toutes les conditions de faisabilité des centrales solaires prévues.
  • Et surtout les conditions de financement du projet par les banques ou les institutions financières, dans la mesure où l’Etat algérien est très réticent aux financements extérieurs et à l’endettement du pays.

Aux dernières nouvelles tous ces problèmes ont trouvé leur solution et la date de dépôt des offres ne saurait tarder. Il est même prévu de passer rapidement à un deuxième appel d’offre qui pourrait dépasser les 1000 MW chaque année, maintenant que le processus de ce premier appel d’offre a constitué une bonne « learning curve » au processus de transition vers de nouvelles ressources énergétiques.

Dernière mesure en date annoncée par le gouvernement : Assister par des subventions à la conversion de 150 000 véhicules, dont 50 000 taxis, au GPL, considéré comme économique et moins polluant. D’autres décisions aussi fortes s’ensuivaient durant la même période, le président « Abdelmadjid Tebboune » appelait à la rationalisation de la consommation locale du gaz « en vue de préserver les ressources énergétiques ». Il avait rappelé que le gaz et l’électricité sont des produits subventionnés par l’État et que les collectivités locales consomment, à elles seules, un taux budgétivore de 8% de la production nationale en électricité.

Ainsi, la généralisation de l’utilisation du solaire dans les communes permettrait une économie de 2 milliards de m³ de gaz, dont l’exportation pourrait ramener 60 milliards de dinars (environ 437 millions d’euros) dans les caisses du Trésorpublic. Sur ce constat, M. AbdelmadjidTebboune a ordonné aux ministres concernés d’exiger de tous les maires nouvellement élus de recourir à l’énergie solaire pour l’éclairage public.
Le mot-clé reste la « participation active » des chercheurs, d’experts et d’investisseurs, surtout étrangers, plus expérimentés.

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