Après la carte de crédit et le paiement fractionné, la marque à la pomme « Apple » va prochainement lancer aux Etats-Unis un compte d’épargne rémunéré, en partenariat avec « Goldman Sachs ». Il s’agit de permettre aux utilisateurs de la carte « Apple Card » de transférer automatiquement leurs récompenses en cash (cash back) sur un compte « à rendement élevé ». Avec ce nouveau service, la marque poursuit sa stratégie de conquête dans les services financiers, qui sont devenus un axe majeur dans sa stratégie et sa volonté d’accompagner la vie au quotidien des consommateurs au sein de son propre écosystème.
En effet, pas à pas « Apple » renforce sa palette de services financiers. Après son service de paiement mobile « Apple Pay », sa carte de crédit « Apple Card » ou sa solution de paiement fractionné, « Apple Pay Later », la firme de « Cupernito » a annoncé, la semaine dernière, le lancement d’un nouveau service d’épargne, développée avec son partenaire historique « Goldman Sachs ». Le lancement est aujourd’hui uniquement envisagé aux Etats-Unis.
L’approche repose sur le programme de « cash back »« Daily Cash »(ristournes de 1 à 3% en cash sur les dépenses auprès de partenaires ou non) adossé à la carte « Apple ». A partir de l’application « Apple Wallet », l’utilisateur pourra gérer l’utilisation des récompenses, soit en les transférant sur le compte d’épargne rémunéré (Ce qui était impossible avant le lancement de ce « service d’épargne »), soit en les consommant immédiatement. Il pourra également alimenter ce compte d’épargne indépendamment des ristournes obtenues. Ce compte d’épargne est annoncé sans frais et sans dépôt minimum.
« L’épargne permet aux utilisateurs d’Apple Card d’accroître leurs récompenses Daily Cash au fil du temps, tout en épargnant pour l’avenir », résume « Jennifer Bailey », Vice-Présidente d’Apple pour Apple Pay et Apple Wallet, dans un communiqué du groupe.
Tout l’art de l’exercice sera bien sûr d’inciter les porteurs d’iPhones à épargner, selon le principe les petits ruisseaux font les grandes rivières, en faisant la promotion d’un comportement financier plus vertueux. Ce n’est pas sans rappeler la fonction d’épargne « de l’arrondi »(épargne automatique à l’arrondi supérieur sur chaque dépense), largement proposée par les « fintechs » (Pour « Financial Technolgies » ou en français « Technologies financière » permettant d’améliorer l’accessibilité ou les activités financières) et aussi par de plus en plus de banques, et qui est censé participer au « bien-être financier » des clients.
Des technologies tangibles mais aussi des services
Le développement des services financiers fait partie de la stratégie volontariste du groupe de développer des services, générateurs de revenus (stockage iCloud, AppStore, Apple Music …), aux côtés de la vente de ses « hardware » (ordinateurs, tablettes, smartphones). Les services pèsent désormais pour 25% du chiffre d’affaires du groupe au deuxième trimestre 2022. Dans les services financiers, Apple a débuté en 2014 avec le paiement mobile « Apple Pay », qui a connu des débuts difficiles mais qui s’est désormais imposé dans le monde des paiements mobiles, notamment depuis le Covid.
En 2019, la firme a lancé aux Etats-Unis sa carte de crédit, avec pour partenaire le célèbre philanthrope « Goldman Sachs », pourtant relativement néophyte à l’époque en matière de services financiers aux particuliers, et Mastercard. Enfin, en juin dernier, Apple propose à ses utilisateurs d’ « Appel Pay » une option d’étalement du paiement en 4 fois sur six semaines, sans frais.
Une approche ficelée
Chacun de ces services ont des traits communs. Tout d’abord, ils sont résolument classiques, sans grande innovation par rapport à la concurrence. Donnant l’impression de ne prendre aucun risque en adoptant des solutions déjà largement éprouvées par ailleurs. Peu importe, Apple compte sur la force de sa marque (un milliard d’utilisateurs d’iPhones dans le monde), et de son écosystème et de son parcours utilisateur pour faire la différence.
Ensuite, ils tirent leur légitimité dans un discours de protection du consommateur et de bien être financier. Apple ne propose pas des services financiers mais il rend service aux utilisateurs d’iPhones. A force, ce discours, qui est souvent éculé, pourrait paraître enfin crédible.
Échapper à la régulation
Enfin, ils s’adressent avant tout au marché américain, où les contraintes réglementaires sont plus souples qu’en Europe. Apple a toujours pris soin d’éviter de passer sous les fourches caudines de la régulation bancaire ou financière, grâce notamment à ses partenariats. Et le groupe n’a certainement pas envie de se soumettre à la régulation bancaire européenne. En cela, sa stratégie ressemble à celles adoptées au départ par les géants chinois « Alibaba » ou « Tencent », c’est-à-dire se développer dans les services financiers sans (trop) de contraintes réglementaires.
Le paiement fractionné fait figure d’exception, sans doute parce qu’il est encore peu régulé. Après avoir racheté la fintech « Credit Kudos », spécialisée dans le scoring (L’évaluation des risques), Apple a, pour la première fois, développé son offre sur ses seules ressources internes. Ce changement de pied inquiète plus d’un banquier.
L’objectif d’Apple n’est certes pas d’être une banque. Mais le groupe s’en rapproche de plus en plus. D’autant qu’il en dispose de plus en plus toutes les caractéristiques : une force de frappe financière (200 milliards de dollars de liquidités), une parfaite maitrise des données et un début d’apprentissage en matière de crédit. Apple n’est pas une banque. Mais cela commence à y ressembler fortement. D’autant plus que la marque est connue pour être « innovante » on pourrait croire qu’elle va sûrement révolutionner la terminologie « Banque » en apportant un nouveau système de financement basé sur un processus nouvelle génération.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=2122