Depuis l’éclatement du conflit Russo-Ukrainien, l’Europe cherche tant bien que mal à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz pour pallier le quasi-arrêt des flux provenant de Russie. Et dans ce contexte, la Norvège se fait valoir comme étant un excellent fournisseur de substitution au gaz russe, si bien que le pays est devenu le premier fournisseur de gaz naturel du vieux continent.
En effet, depuis quelques mois maintenant, la Norvège décroche peu à peu de nouveaux contrats et conforte son nouveau statut de premier fournisseur de gaz de l’Europe, le dernier en date, un contrat de long terme, au prix de marché, avec la Pologne.
« Equinor » vient ainsi de signer un important accord de long terme avec le gazier polonais « PGNIG » pour la fourniture de gaz à la Pologne via un gazoduc d’une capacité de 10 milliards de m3 par an. Le contrat porte sur 2,4 milliards de m3de gaz par an pendant 10 ans.
Le gaz devrait être livré au prix du marché, a précisé le groupe « Equinor » dans un communiqué.
Pour rappel, l’Europe, au nom de la solidarité européenne, cherche à négocier avec la Norvège un prix plafond. La Pologne avait également appelé la Norvège à « partager » ses bénéfices exceptionnels liés à la commercialisation du gaz. Beaucoup trouvent cela absurde et la Norvège aussi puisqu’elle demeure pour le moins réticente face aux requêtes européennes et préfère, sur un fond de diplomatie très soigné, renvoyer la balle aux groupes pétroliers et aux Etats européens qui refusent de conclure, depuis les années 2000, des contrats de long terme à prix fixe et non plus en fonction des prix de marché.
Les premières livraisons sont attendues pour le premier octobre mais le gazoduc devra attendre janvier pour atteindre environ 80% de ses capacités :
En présence du président polonais, le gazoduc « Baltic Pipe » a été inauguré mardi 27 septembre il permettra d’acheminer le gaz de Norvège par le Danemark et la mer Baltique. Pour le gouvernement polonais, il s’agit d’un véritable succès.
Sur près de 300 kilomètres entre le Danemark et la mer Baltique, ce long tuyau transportera 10 milliards de m3 de gaz chaque année en Pologne. Le gouvernement en place se félicite d’ailleurs de cette nouvelle infrastructure. Le Premier ministre « Mateusz Morawiecki » salue ce « gazoduc de liberté, de souveraineté, de sécurité et de paix. »
Lors d’une cérémonie dans l’ouest de la Pologne, le ministre norvégiende l’Énergie, « Terje Aasland », a déclaré qu’il s’agissait « d’une étape importante sur la voie vers l’indépendance de l’Europe vis-à-vis de l’énergie russe ». La Première ministre danoise, « Mette Frederiksen », s’est félicitée quant à elle de « l’ouverture d’un nouveau corridor gazier en Europe ».« Nous devons faire tout notre possible pour éliminer l’énergie en tant qu’instrument de puissance russe », a-t-elle ajouté. « Ensemble, nous vaincrons Poutine ».
La protection de la rente ou la solidarité face à la diplomatie :
Preuve que la Norvège gagne du terrain dans la scène mondiale des exportateurs de gaz, une situation lucrative qui lui permet d’engendrer d’importants bénéfices. Mais cette situation laisse perplexe et envieux certains pays, à l’image de la France par exemple. L’ancien ministre français délégué au développement « Pascal Canfin » s’est exprimé la semaine dernière à propos de la conjoncture européenne avec la Norvège en estimant que cette dernière doit, au nom de la solidarité européenne, faire davantage d’efforts et aider l’Europe à faire face à la crise énergétique « On [les pays européens] partage à peu près tout avec la Norvège, les valeurs, la démocratie, l’opposition à Poutine… sauf la rente. Parce que ça nous coûte à peu près 100 milliards d’euros d’aller acheter du gaz en Norvège, et eux ça leur rapporte. Donc il est assez légitime de se mettre d’accord sur un prix maximum ». Il a d’ailleurs indiqué qu’« Une négociation est en cours avec la Norvège pour faire baisser le prix du gaz. Puisque nous avons fortement réduit nos achats de gaz russe, aujourd’hui le principal fournisseur de gaz en Europe est la Norvège » en ajoutant « un atterrissage cette semaine » …Excès de zèle ou absurdité ? Les prochains jours nous permettront de réellement savoir si la Norvège acceptera de baisser les prix du gaz à destination de l’Europe JUSTE pour satisfaire « ses amis » européens, car pour toute négociation crédible il faut une contrepartie et dans cette équation la Norvège n’a pas vraiment de contrepartie si ce n’est de faire « bonne impression » face aux européens.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=1954