Gaz de schiste : Le Royaume-Uni autorise sa production

Fakhreddine Messaoudi
Hydrocarbures
Fakhreddine Messaoudi22 septembre 2022
Gaz de schiste : Le Royaume-Uni autorise sa production

L’Europe vit actuellement, en conséquence des sanctions imposées par les occidentaux à l’encontre des hydrocarbures russes, une crise énergétique sans précédent :

  • Retour au charbon et au nucléaire pour l’Allemagne,
  • Orientation de l’Italie et de l’Espagne vers d’autres fournisseurs de gaz comme l’Algérie ou le Nigeria,
  • Recours en masse de la plupart des pays européens au GNL, et lancement de la construction de stations de regazéification du GNL par la France,l’Allemagne, et le Royaume-Uni,
  • Volonté du G7 de plafonner les prix du gaz qui ont flambé depuis quelques mois maintenant,
  • Accélération des travaux d’explorations des hydrocarbures en Afrique par les géants pétroliers occidentaux tels que Shell, BP, ENI ou TotalEnergies.

Toutes ces décisions ou tous ses changements représentent les symptômes d’une Europe en situation de crise énergétique importante.

Un autre indicateur vient confirmer la gravité de la situation énergétique en Europe, à travers une décision exceptionnelle et inattendue, montrant que les situations exceptionnelles demandent des mesures exceptionnelles. Il s’agit de la levée du moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste enGrande-Bretagne, qui autorisait auparavant l’exploration seulement mais pas son exploitation.

Il faut rappeler par contre que la France, l’Italie ou encore l’Irlande, l’Allemagne et le Portugal, n’autorisent ni son exploration ni son exploitation.

La Grande-Bretagne a ainsi officiellement levé le moratoire sur la fracturation hydraulique ou le « fracking », une technique d’extraction du gaz de schiste, que le pays avait suspendue en 2019, affirmant que le renforcement de l’approvisionnement énergétique du pays était une « priorité absolue ».

La Premièreministre« Liz Truss » a déclaré au début du mois que la fracturation serait autorisée là où elle était soutenue par les communautés. Le secrétaire d’État aux Affaires et à l’Énergie, « Jacob Rees-Mogg », a déclaré, jeudi dernier, que « toutes les sources d’énergie devaient être explorées afin d’augmenter la production nationale ».

La fracturation a été interdite après que le régulateur du secteur a déclaré qu’il était impossible de prévoir l’ampleur des tremblements de terre qu’elle pourrait déclencher.
Un rapport, demandé par le gouvernement et publié jeudi par le « British Geological Survey », indique qu’il « reste difficile » d’estimer l’impact sismique que pourrait avoir l’extraction de gaz de schiste.

La plus grande secousse liée à cette technique s’est produite sur le site de la société « Cuadrilla » à Blackpool en 2011, enregistrant une magnitude de 2,3. Le gouvernement a ensuite mis en place un système pour suspendre les travaux en cas d’activité sismique égale ou supérieure à 0,5 sur l’échelle de Richter.

« Nous devons revoir les limites sismiques pour nous assurer que l’extraction du gaz de schiste peut se faire de manière efficace et efficiente », a déclaré jeudi « Jacob Rees-Mogg » au Parlement. Il a ajouté ensuite que l’extraction de gaz de schiste était sûre.
Les experts affirment toutefois que ce redémarrage de la production ne réduirait pas les prix cet hiver, car il faudrait des années pour qu’une industrie se développe, et que la quantité de gaz disponible n’est pas connue. « Même si les risques s’avéraient gérables et acceptables, le gaz de schiste n’aurait un impact significatif sur l’approvisionnement du Royaume-Uni que si, au cours de la prochaine décennie, on réussissait à forer des milliers de puits », a déclaré « Andrew Aplin », professeur honoraire à l’université de « Durham ».

A noter que sur le papier le potentiel est immense : le « British Geological Survey » parle de 1.300 trillions de pieds cubes de gaz dans la région (soit environ 36.816 milliards de M3). Si seulement 10% pouvait être extrait, le Royaume-Uni aurait de quoi satisfaire sa demande en gaz pour les 50 prochaines années, avait calculé en 2013, l’ex-Premier ministre, « David Cameron ».

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