Le secteur des hydrocarbures assure aujourd’hui l’essentiel des recettes des exportations (96%). Il assure aussi la quasi-totalité des ressources en hydrocarbures qui permettent de produire et couvrir les besoins en consommation énergétique intérieure (carburants et électricité). Beaucoup de retard a été enregistré en matière de transition vers un nouveau modèle de production et de consommation énergétique, basé notamment sur les sources d’énergie pourtant inépuisables que sont le solaire et l’éolien. Un nouveau départ est cependant en cours avec un nouveau Ministère de la transition énergétique et des énergies renouvelables depuis 2020, parcequ’il faut être au rendez-vous dans moins d’une décennie pour assurer sa souveraineté énergétique grâce à des stratégies à mettre en œuvre dès maintenant.
La sécurité énergétique est de nos jours une préoccupation majeure dans toutes les politiques économiques et énergétiques de tous les pays. Le choc pétrolier de 2014, la pandémie de 2019, puis les impacts du conflit russo-ukrainien, ont fini par mettre tous les pays devant des défis majeurs sur le plan énergétique avec en plus un monde qui va complètement changer au point de vue politique et économique dans les années à venir.
Les défis et les enjeux seront majeurs et très importants à tous les points de vue : technologiques, économiques, et politiques. Cela nécessite donc l’implication au plus haut niveau de toutes les institutions concernées au sein de l’Etat algérien, et non plus seulement le secteur de l’énergie.
La compagnie nationale Sonatrach est pour le moment l’outil principal de gestion, de production, et de mise à disposition des ressources énergétiques qui assurent non seulement la rente financière, mais aussi la consommation énergétique intérieure (mobilité et électricité). Elle le fait aussi en partenariat en matière d’exploration et de production d’hydrocarbures conformément aux lois pétrolières qui se succèdent.
La compagnie Sonelgaz est pour le moment celle qui produit l’énergie électrique dont a besoin le pays, à partir des hydrocarbures, à raison de 98%.
Le Ministère de l’Energie supervise et coordonne leurs activités, ainsi que toutes les autres relatives au secteur de l’énergie.
Tout cela s’est fait à ce jour en fonction des besoins de rente financière, de la consommation d’énergie intérieure, du marché pétrolier, et bien sûr de la législation en vigueur. Mais trop souvent, les besoins, de rente surtout, ou les préoccupations du présent (souvent sociales) l’ont emporté sur l’avenir, les risques du futurs, la nécessité d’une vision future.
Le contexte international et national est en train de changer trop rapidement à travers des politiques de transition énergétique, de souveraineté énergétique, de partenariat dans ce domaine, ainsi que le recours de plus en plus important à de nouvelles ressources énergétiques, complètement différentes du passé et encore plus à l’avenir.
C’est pour cela qu’au-delà des lois pétrolières, de simples stratégies de compagnies énergétiques, ou de programmes politiques, il faut dorénavant penser futur et pour cela mettre en œuvre une institution de haut niveau qui puisse décider des voies à suivre à long terme de façon globale.
La première étape a consisté à créer un nouveau ministère chargé de la transition énergétique et des énergies renouvelables en 2020. Un programme de 15.000 MW en énergies renouvelables vient d’être lancé avec sa première tranche de 1000 MW en 2022, et une nouvelle société chargée de mettre en œuvre ce programme en partenariat : « SHAEMS », vient d’être créée. Mais ce n’est pas suffisant parcequ’il faudra aussi et le plus rapidement possible, non seulement lancer d’autres programmes en ENR, mais aussi se pencher sur le modèle de consommation énergétique du pays à revoir dans tous ses volets (économie d’énergie, technologies dans les usages, politiques des prix, etc…).
Le haut conseil d’énergie devra donc être en principe l’institution de décision qui décidera de toutes les actions stratégiques à mettre en œuvre à l’avenir. C’est lui qui décidera dorénavant de la politique énergétique du pays et des stratégies de mise en œuvre, sur la base des données et des analyses que lui fournira le comité technique qui est composé par les représentants des différentes institutions en charge du secteur de l’énergie.
Parmi les chantiers sur lesquels le Haut Conseil de l’Energie devrait se pencher, on peut citer :
1- D’abord l’état des lieux en matière de ressources énergétiques et leur usage.
2- Les stratégies à long terme en matière d’exploitation, de conservation, et de partenariat dans le domaine des hydrocarbures, ainsi que les politiques d’exportation.
3- La stratégie de mise en œuvre de la transition énergétique vers le recours à de nouvelles sources d’énergie, et surtout la définition d’un nouveau modèle de consommation énergétique dans tous ses volets (économie d’énergie, technologies dans les usages, politiques des prix, etc…).
4- L’objectif final et très important, est d’assurer la sécurité et la souveraineté énergétique du pays à long terme, à travers un meilleur usage des ressources disponibles.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=1265