Il s’agit d’un accord historique qui vient d’être signé à Alger entre Sonatrach et ENI, en présence du Président de la République Mr. Abdelmadjid Tebboune et le Premier Ministre Italien Mr. Mario Draghi, dans le cadre d’une visite officielle de ce dernier, à l’invitation du Président de la République.
L’Italie est la troisième puissance économique d’Europe, le premier partenaire économique de l’Algérie, et l’ENI est le premier opérateur pétrolier et gazier en Algérie, présente en Algérie depuis des décennies. Elle a énormément renforcé sa position depuis quelques années aussi bien dans le domaine des hydrocarbures en amont, qu’en matière de développement des ENR, principalement avec Sonatrach. Ce processus s’est accéléré plus particulièrement en 2021 et en 2022 après le déclenchement du conflit russo-ukrainien, dans la mesure où l’industrie italienne dépend à 40% du gaz importé de la Russie et qu’elle prévoit de réduire progressivement.
Le premier Ministre Italien a « qu’après la crise en Ukraine, l’Italie cherche à renforcer ses capacités dans le domaine du gaz naturel afin de réduire la dépendance au gaz russe, et l’accord auquel nous sommes parvenus aujourd’hui s’inscrit dans ce cadre ».
Dans un communiqué publié le 11 Avril 2022, Sonatrach précise que cet accord « permet d’accélérer le développement des projets de production de gaz naturel, en conjuguant les efforts des deux sociétés, et d’augmenter les volumes de gaz exportés en utilisant les capacités disponibles du gazoduc Enrico Mattei ». Aucune précision n’a été fournie sur le niveau des volumes supplémentaires à fournir à l’Italie, mais il est probable qu’il s’agisse d’utiliser la capacité disponible dans le Gazoduc Enrico Mattei (Transmed) qui relie les deux pays, et qui est d’environ 10 Mds M3 par an, sachant que sa capacité totale est de 32 Mds M3, alors que l’Italie n’importe actuellement qu’environ 22 Mds M3 par an. S’agissant de développement de nouveaux gisements, cela suppose aussi que l’accroissement des exportations se fera de façon progressive. Il faut rappeler que l’Italie a importé depuis 1977 plus de 300 Mds M3 de gaz algérien, mais durant la décennie passée elle a tenté aussi de diversifier son approvisionnement, ce qui l’a amené d’abord à réduire ses importations d’Algérie depuis quelques années notamment suite au démarrage des importations de gaz russe et azerbaidjanais à travers les gazoducs traversant la Turquie, puis à les augmenter à compter de 2021.
Le communiqué de Sonatrach précise par ailleurs que « cet accord permet aussi aux deux sociétés de fixer les niveaux des prix de vente de gaz naturel, en ligne avec les conditions du marché, pour l’exercice 2022-2023 conformément aux clauses contractuelles de révision des prix », ce qui est une bonne nouvelle pour Sonatrach et l’Algérie, dans la mesure où le marché gazier mondial a pratiquement explosé depuis 2021 et plus particulièrement suite au déclenchement du conflit russo-ukrainien. Et le PDG de Sonatrach a d’ailleurs récemment annoncé l’intention de Sonatrach de réviser les prix du gaz exporté vers ses partenaires en citant plus particulièrement espagnols.
Dans une de nos analyses sur les enjeux gaziers du bassin Méditerranéen, publiée le 26 janvier 2022, nous avons mis en évidence la stratégie de l’ENI, devenue devenu le plus important partenaire en amont en Algérie, et en Méditerranée, en la qualifiant de « success story ». Et c’est ce qui est en train de se construire pouvant faire de l’Italie le « hub gazier sud de l’Europe ». Il reste à espérer que Sonatrach pourra entrainer ENI à s’impliquer un peu plus en aval, en Algérie dans la valorisation sur place sa production hydrocarbures.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=1245
