La crainte de l’entrée du yuan par rapport au dollar sur le marché pétrolier : quel impact ?

Rédaction (A.M)
Hydrocarbures
Rédaction (A.M)18 mars 2022
La crainte de l’entrée du yuan par rapport au dollar sur le marché pétrolier : quel impact ?

La guerre entre la Russie et l’Ukraine semble partir pour durer, avec des impacts économiques à caractère de plus en plus durable sur toutes les économies mondiales. De nouveaux paramètres vont certainement impacter le marché pétrolier et énergétique de façon générale, au cours des mois à venir. Pour le moment, le baril après une chute en dessous des 100$ la semaine passée, est en train de les dépasser à nouveau avec 106$ le 17 Février 2022.

Même si la Chine enregistre de nouveau un nombre important de cas de Covid 19 (2432 durant les dernières 24 heures) dans les 17 villes qui comptent plusieurs dizaines de millions d’habitants, et qu’elle a déjà verrouillé, elle demeure le premier importateur de pétrole dans le monde et le premier acheteur de pétrole Saoudien avec 25% de ses exportations, soit 1.76 millions de barils par jour (18% des importations totales). Le deuxième fournisseur de la Chine est aussi la Russie avec avec 1,6 millions de barils par jour (16% des importations totales).

La Russie est aussi le troisième fournisseur de gaz naturel à la Chine avec 17 Mds M3 par an (10% des importations totales), et son deuxième fournisseur en charbon avec 50 millions de tonnes par an (15% des importations totales).

Tous les deux ont déjà entamé de sérieuses discussions avec la Chine pour vendre leur pétrole, au moins en partie avec la monnaie chinoise, le Yuan. En plus Gazprom a récemment signé un accord à long terme avec la CNPC pour livrer à l’avenir 10 autres Mds M3 par an payable en euros, et non plus en dollars.

Il faut rappeler que le marché pétrolier est très lié au dollar. Quand ce dernier monte le baril chute, quand il descend, le baril monte. Mais ce n’est pas tout, car le dollar est la monnaie de la réserve mondiale, et par conséquent la base de tout le système financier mondial. Même si selon les informations publiées en ce moment sur les discussions entre l’Arabie Saoudite et la Chine ne concernent qu’une partie des exportations vers des investissements très importants en Chine dans le raffinage surtout, leur aboutissement viendrait renforcer énormément les autres ambitions russes dans le même objectif.

Sur un autre plan, et en plus des initiatives gouvernementales et parfois même volontaires de la part de certains importateurs de pétrole russe, environ 3 millions de barils par jour de ce dernier risquent de manquer sur le marché à moins de tomber entre les mains de la Chine à un prix non seulement inférieur par rapport au marché, mais payé en Yuan, ou encore pour compenser l’accroissement important des importations Russes à partir de la Chine qui viennent de s’accroitre de 40%.

Pendant ce temps, l’inflation mondiale est à son plus haut niveau, et Christine Lagarde, Présidente de la Banque Centrale Européenne tire la sonnette d’alarme en annonçant que la hausse de tous les prix des matières premières « pourrait durer un certain temps et leur niveau ne devrait pas revenir à ce qu’il était avant le début de l’offensive russe en Ukraine, ni avant la pandémie de Covid-19 ». Cela signifie déjà un taux d’inflation de 3 à 5% en Europe, et pourrait dépasser les 8% en Grande Bretagne, selon les banques centrales d’Europe.

La perspective d’une nouvelle monnaie de réserve mondiale, les impacts inflationnistes de la guerre russo-ukrainienne, la probable mutation géopolitique du monde à travers de nouvelles alliances, sur un fond de crise énergétique, vont certainement augmenter la volatilité du prix du baril, mais il est peu probable  qu’il atteigne les records annoncés de 150 ou 200$, parceque beaucoup de capacités de productions ne sont pas encore sur le marché (Iran, Venezuela, Libye, Afrique) ou auront des difficultés pour se placer (Russie). Mais plus rien ne sera comme avant, surtout pour le gaz naturel dont le prix demeurera sous pression sur le moyen et long terme.

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