GAZ NATUREL : LE PROBLEME, LA SOLUTION, ET L’ARME FACE A UNE CRISE MONDIALE MAJEURE

Rédaction (A.M)
Hydrocarbures
Rédaction (A.M)8 mars 2022
GAZ NATUREL : LE PROBLEME, LA SOLUTION, ET L’ARME FACE A UNE CRISE MONDIALE MAJEURE

Le conflit actuel entre les pays de l’Occident et la Russie, ainsi que ses alliés, parcequ’elle en a aussi, n’est que le début d’une mutation géopolitique importante, dans laquelle le paramètre énergétique pèsera énormément, parfois en tant qu’avantage, et d’autrefois en tant que faiblesse.

Il n’y a pas une seule matière première, un seul produit de consommation quelconque qui ne comporte pas une composante énergétique parfois très importante. La hausse des prix de l’énergie, et par conséquent la facture énergétique du consommateur, incite déjà certains pays à mettre en œuvre « des plans de résilience économique et sociale » de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour y faire face. Mais tous savent que la solution est ailleurs.

La Russie renferme la première réserve mondiale de gaz naturel avec 37.000 Mds M3. Elle est le 2ème producteur mondial de gaz naturel avec 750 Mds M3 par an, soit 19% de la production mondiale. Elle est aussi 2ème exportateur de gaz naturel, dont 175 Mds M3 par an pour l’Europe.   Elle est aussi le 3ème producteur mondial de pétrole avec 10 millions barils par jour, soit 10% de la production mondiale, dont 5 millions barils par jour sont exportés vers l’Europe.

Seuls les USA produisent plus de gaz que la Russie avec 920 Mds M3 par an mais ils ne disposent que de 12.000 Mds M3 en réserves (conventionnelles). Les deux autres gros producteurs sont l’Iran avec 250 Mds M3 par an et 32.000 Mds Mds 3 en réserves, et le Qatar avec 170 Mds M3 par an et 25.000 Mds M3 en réserves. Mais toutes ces productions sont déjà engagées pour la consommation intérieure, et des contrats de ventes en cours sur plusieurs années. Aucun de ces trois pays, ni un autre parmi les producteurs africains ou asiatique, n’est en mesure de remplacer le gaz à russe, ni à cours ni à moyen terme.

L’Europe dépend du gaz russe à raison de 40% de ses besoins qui sont de 450 Mds M3/an, l’Allemagne étant en tête avec 85 milliards M3 importés dont 50 milliards M3 à partir de la Russie, soit 60% de ses importations. Certains lui reprochent aujourd’hui de payer le prix de sa politique énergétique idéologiste avec une « stratégie EnergieWende » dont l’objectif consistait à éliminer totalement le nucléaire et les énergies fossiles. Mais cela n’empêchera pas tous les pays Européens à en payer le prix aussi avec tout ce que cette crise entraine non seulement sur le marché mondial du pétrole, du gaz naturel, de l’électricité et de tout ce qui dépend de l’énergie de façon générale. Les autres pays de l’Europe dépendent presque tous à raison de 20 à 50% du gaz russe, certains à 90% comme la Lituanie et la Lettonie.

Les pays alliés de l’Europe avaient déclaré au début que leurs sanctions ne concerneront pas les exportations d’hydrocarbures russes vers l’Europe. Mais l’élargissement de ces sanctions à la suspension de l’accès même partiel au réseau de virement bancaire SWIFT est en train de peser non seulement sur ces exportations de façon indirecte, mais aussi sur tout le système financier occidental, au risque d’entrainer une crise économique et financière majeure à l’échelle mondiale.

Entretemps, le baril de pétrole grimpe à un niveau inespéré en se rapprochant de 130$, et pourrait même atteindre les 150$ du fait de la crainte des acquéreurs du pétrole russe par rapport aux sanctions financières décrétées et leurs impacts directs ou indirects sur son transport maritime et les banques intermédiaires. Le prix du gaz a atteint des records, et passe de 34 $ vers la fin de 2021 à 67 $ le MMBtu en Europe, en entrainant avec lui celui de l’électricité.

Ce prix a doublé aussi aux USA à plus de 5$/MMBtu, mais étant premier producteur mondial de gaz avec 920 Mds M3 par an, ils deviennent ainsi les premiers exportateurs de GNL dans le monde, surtout vers l’Europe, grâce au retour du pétrole & gaz de schiste, dont les producteurs bénissent cette aubaine qui leur permet de rembourser leurs dettes et revenir sur le marché avec des prix confortables.

Certes, la crainte d’une confrontation militaire mondiale, peut être même nucléaire, est en ce moment le ralentisseur d’une évolution vers une situation catastrophique, mais la dépendance énergétique de l’une des plus importantes économies du monde, l’Europe, ainsi que les impacts de son écroulement à l’échelle mondiale, est aussi un autre ralentisseur non négligeable.

Le gaz naturel est le carburant du 21ème siècle, parcequ’il continuera à représenter la principale ressource énergétique au cours des prochaines décennies. La répartition géographique de ses réserves par rapport aux dépendances qui existent aussi bien en Europe qu’en Asie, va certainement peser de beaucoup dans « l’après Ukraine ».

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