L’Algérie est en effet la 4ème réserve mondiale en minerai de phosphate dans le monde après les Etats Unis, la Chine et le Maroc. Avec environ 3 milliards de tonnes principalement situés dans la partie Est du pays au niveau de la wilaya de Tebessa, et à moins de 250 Km de la côte méditerranéenne, elle pourrait non seulement exporter du minerai mais aussi en valoriser la majeure partie localement en sous-produits très rémunérateurs à l’exportation, et créateurs de dizaines de milliers d’emplois localement. Le minerai est contenu dans une couche de 30 mètres d’épaisseur pratiquement à ciel ouvert, ce qui correspond à un avantage très important en matière d’exploitation.
Il faut noter que la mine est même située sur un petit gisement de pétrole portant le même nom « Djebel Onk », dont la production pétrolière par la même compagnie, était utilisée comme source d’énergie.
Le gisement de phosphate de la wilaya de Tébessa est situé au lieu-dit « Bled El Hadba », « Djebel Onk » pour être exact. Une mine découverte depuis plus d’un siècle à proximité de la mine de fer d’El Ouenza. Sa première exploitation remonte à 1920. Elle a permis au fur et à mesure d’exporter du minerai brut, puis d’en transformer une petite quantité en acide phosphorique et engrais phosphaté par les deux entreprises nationales FERPHOS et ASMIDAL. Mais cette transformation est restée insignifiante par rapport aux besoins de consommation interne pourtant importants.
La production annuelle de la dernière décennie n’a jamais dépassé 1 à 1,5 million de tonnes par an. Ces quantités sont en majorité exportées, tandis que les capacités déjà installées sont de 2 millions de tonnes par an. Elles demeurent par conséquent bien en deçà du potentiel des réserves existantes. Ces dernières, combinées aux infrastructures de transformation en aval, pourraient atteindre en principe pas moins de 17 millions de tonnes tous produits confondus.
C’est cela même l’objet du gigantesque projet en cours de maturation depuis plusieurs années, et qui semble sur le point d’être lancé par le Ministère de l’Energie et des Mines. Un projet intégré qui va nécessiter environ 5 à 6 milliards de dollars d’investissement. Ce projet contribuera non seulement à diversifier l’économie de l’Algérie à travers de nouvelles exportations, mais aussi au développement local des 4 wilayas concernées : Tebessa, Souk Ahras, Annaba, et Skikda, avec entre autres des dizaines de milliers de nouveaux emplois.
Le projet est intégré d’amont en aval sur les 4 wilayas citées. Ce qui va nécessiter non seulement l’exploitation du minerai et sa transformation en grande partie, mais aussi à réaliser d’importantes infrastructures pour assurer cette intégration en matière de transport du minerai, d’approvisionnement en eau et en énergie, de capacités de stockage portuaire et d’exportation.
Les principales infrastructures industrielles envisagées comporteront :
- L’exploitation minière au niveau de Djebel Onk-Bled El Hadba
- La production d’engrais, d’acide phosphorique et fluorhydrique
- La production de nitrate d’ammonium à partir de l’ammoniac
Au-delà du défi relatif à la mobilisation des investissements nécessaires et du modèle de partenariat qui semble plus que nécessaire pour un projet aussi ambitieux, on notera trois autres défis de taille à relever. Ils concernent la réalisation d’infrastructures de transport (ferroviaires ou autres) pour le minerai et les sous-produits, l’approvisionnement en eau, car il s’agit d’activités très consommatrices de cette précieuse ressource, et enfin de mesures en matière de protection de l’environnement car il s’agit aussi d’activités très polluantes.
Mais la finalité en vaut la peine pour faire sortir progressivement le pays de sa dépendance de la rente pétrolière.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=817