Dans une récente intervention sur Radio M, Mr. Nordine Ait-Laoussine, ce dernier a fait une large présentation sur les 2 grands dossiers énergétiques de l’heure, à savoir le marché pétrolier et gazier, et la transition énergétique à travers le monde, tout en essayant de diagnostiquer la position de l’Algérie sur ces volets, ainsi que les défis à venir.
Il faut rappeler que Mr. N. Ait Laoussine est un ancien VP de Sonatrach durant les années 70, puis Ministre de l’Energie au début des années 90 dans le gouvernement du Président Boudiaf. Actuellement il président d’un prestigieux cabinet de conseil dans le secteur des hydrocarbures basé à Genève.
Selon Mr. N. Ait Laoussine, il est peu probable que le prix du baril de pétrole puisse se maintenir à un niveau plus élevé que les 85 $ actuels, un niveau qui a pu être atteint surtout grâce à l’action de l’OPEP+ qui a su maintenir une bonne cohésion de ses rangs à ce jour et contrôler ainsi une évolution progressive du marché. Sa part de production n’atteindra le niveau de 2019 que vers 2022, voir 2023, mais entretemps il est très probable que la production de pétrole de schiste américaine revienne en hausse pour équilibrer les deux fondamentaux que sont l’offre et la demande.
Pour ce qui est du gaz naturel, toujours selon Mr. N. Ait Laoussine, sa demande ou sa consommation n’a pas été affectée par la crise sanitaire en 2020 comme celle du pétrole qui a vu par exemple l’OPEP perdre pratiquement 9 millions de barils au cours de l’année. Mais la reprise économique dès 2021 avec une croissance positive importante de pratiquement 6%, alors qu’elle était négative en 2020 a entrainé vers la hausse rapide de la demande de gaz aussi bien en Europe qu’en Asie. L’hiver 2020-2021 ayant été particulièrement froid, avec une série de conditions climatiques très rudes, et les stocks de gaz étant inférieur à ce qu’ils était avant 2020, ont ainsi provoqué une véritable crise énergétique sur les marché gazier alimentés en grande partie par des échanges spot. C’est ce qui a entrainé à ce moment-là un fort déséquilibre en faveur des volumes destinés au marché asiatique aux dépens du marché européen et par conséquent des prix qui ont largement dépassé la barre des 30$ le MMBTU. Mr. Ait Laoussine pense cependant que le prix va revenir rapidement à un niveau inférieur, dans la mesure ou les capacités de production mondiale sont suffisantes et il est peu probable que la demande soit supérieure à l’offre, bien qu’il considère que le gaz naturel a encore de beaux jours devant lui, étant le meilleur garant de la transition énergétique en cours. Cette dernière aura des impacts sur la place du pétrole mais pas celle du gaz naturel, qui demeure en ce moment et pour plusieurs décennies encore le point focal des stratégies d’investissement des grandes compagnies pétrolières.
Par contre il a tenu à préciser qu’en ce moment, les grands débats qui ont lieu autour de la taxe carbone, les politiques de transition énergétique des pays de l’Europe entre autres, mais aussi des pays asiatiques dont le secteur énergétique est surtout consommateur de charbon, ainsi que les décisions qui vont être prises lors de la COP26 début Novembre 2021, auront probablement des impacts sur les marchés énergétiques.
En abordant la situation du secteur des hydrocarbures en Algérie, et plus particulièrement la probable fermeture du gazoduc traversant le Maroc, et tenant compte que le MEDGAZ ne pourra pas transporter la totalité des volumes habituels vers l’Espagne, Mr. Ait Laoussine a suggéré la possibilité d’exporter plus à travers le gazoduc qui va vers l’Italie, actuellement sous utilisé, et par conséquent le marché européen. Tout cela dépendrait bien sur des capacités de production de l’Algérie, et de la nécessité pour Sonatrach de s’organiser en conséquence avec une plateforme dynamique comme le fait d’ailleurs Gazprom qui vend une bonne partie de sa production sur le marché spot européen.
Pour ce qui est des réserves de gaz de schiste de l’Algérie qui sont très importantes il est demeuré plus ou moins sceptique quant à la possibilité de les produire dans l’immédiat tout en admettant qu’elles finiront par être développées dès que les conditions techniques, financières et bien sûr partenariales seront réunies, parceque le gaz naturel continuera dans tous les cas e figure à conserver sa place dans le mix énergétique des prochaines décennies.
Source : https://www.energymagazinedz.com/?p=200